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A

Acteur et agent

Selon Boudon. Raymond Boudon fait une distinction entre les « systèmes fonctionnels » (dans lesquels les individus occupent un « rôle social » : médecin délivrant une ordonnance, universitaire écrivant un article...) et les « systèmes d'interdépendance » (dans lesquels les individus n'occupent pas de rôle). Dans le premier cas, les individus sont appelés « acteurs » car ils jouent un rôle. Dans le second cas, ils sont appelés « agents ». Boudon l'explique en ces termes : « Pour la clarté du vocabulaire, il est utile de parler d'acteur individuel dans le cas de systèmes fonctionnels et d'agent individuel dans le cas des systèmes d'interdépendance. La notion d'acteur est, comme celle de rôle, empruntée au langage de la scène. [...] Le mot agent désigne clairement le porteur individuel de l'action sans renvoyer à la catégorie des rôles. » (Boudon, 1979, chapitre IV, introduction au chapitre, p. 118)


C

Cohésion sociale

Ce qui cimente et assure l’unité minimale d’un ensemble social. Ce qui permet aux membres d’une société de coexister et de vivre ensemble. // Cette notion se distingue de celle d’ordre social, cette dernière renvoyant plus particulièrement à la façon dont le pouvoir central assure la stabilité au profit, sinon des groupes dominants, du moins de l’organisation sociale en place. La cohésion, quant à elle, connote davantage les comportements et les attitudes des acteurs de la société civile, leur volonté plus ou moins affirmée de "faire société". // Cohésion ne signifie pas absence d’opposition et de conflits, mais indique que la coopération et les éléments de conviction commune l’emportent sur les forces centrifuges toujours présentes. A contrario, la cohésion sociale est entamée lorsque des changements non souhaités perturbent la régulation sociale en place, lorsque des franges de la population n’ont plus de raison d’attendre quelque chose de positif du système. Elle est mise en péril quand les différents segments d’une collectivité ne croient plus à la possibilité de "faire société" : discorde généralisée, mouvements sécessionnistes pouvant déboucher sur des guerres civiles larvées ou sanglantes. Certaines constructions nationales comme le Rwanda et la Fédération yougoslave ont littéralement éclaté au cours de la décennie passée. » (Échaudemaison, 1989, 2003, art. « Cohésion sociale »


Culture

Ainsi que l’expliquent Armand Mattelart et Erik Neveu, on peut distinguer deux définitions principales à la notion de culture. Quand on parle de culture, il peut soit s’agir de la culture légitime (la musique classique, les « grands peintres », la « grande littérature », etc.) soit de la culture au sens anthropologique (c'est-à-dire l’ensemble des activités, des croyances et des pratiques communes à une société donnée) : « La notion de culture est de celles qui ont suscité en sciences sociales les travaux les plus abondants, les plus contradictoires aussi. Le terme peut tantôt désigner un panthéon de grandes œuvres "légitimes", tantôt prendre un sens plus anthropologique, pour englober les manières de vivre, sentir et penser propres à un groupe social [...]. La Joconde et la sociabilité qui se greffe sur l'assistance à un match de football illustreraient ces deux pôles. » (Mattelart, Neveu, 2003, p. 3)


D

Domination

Les trois types de domination selon Max Weber. « Dans "L’Introduction à l’Éthique économique des religions mondiales" [1915, 1996], M. Weber identifie trois types de domination, selon le fondement de leur légitimité. [...] La domination traditionnelle correspond [...] à une domination fondée sur le respect de ce qui a toujours été (effectivement ou prétendument). Les traditions ancestrales sont le garant de la légitimité des règles de l’autorité. // La domination légale-rationnelle repose sur la conformité aux règles de droit. "La légitimité de commander repose pour le détenteur du pouvoir de commandement sur une règle fixée rationnellement ou interprétée rationnellement" (p. 369). L’État bureaucratique moderne est l’exemple le plus pur de ce type de domination. [...] Le charisme est une "qualité extraordinaire attachée à un homme" (p. 370). En conséquence, la domination charismatique désigne "la domination exercée sur des hommes à laquelle les dominés se plient en vertu de la croyance en cette qualité attachée à une personne en particulier". La domination n’est pas exercée selon des normes générales ou issues de la tradition. [...] Les individus se soumettent aux ordres ou aux règles énoncés par un chef en vertu du caractère sacré ou exemplaire qu’ils lui prêtent, qu’il soit prophète religieux ou leader politique. » (Vigour, 2005, p. 77)


E

Eugénique

Le terme « eugénique » est un emprunt à l’anglais eugenic formé par F. Galton en 1883 à partir du grec. Cousin de Charles Darwin, Francis Galton assiste aux effets de la Révolution Industrielle en Angleterre. Au coeur de sa théorie de l’eugénisme se retrouve l’idée que« les aptitudes psychiques supérieures sont largement déterminées par des facteurs héréditaires », tout comme les « imperfections » (Karl Pearson, Raisons politiques 2007/2, n° 26, p. 175-215, p. 176)


F

Fait social

Émile Durkheim explique ce qu’il entend par « fait social » dans le chapitre premier de son ouvrage Les règles de la méthode sociologique (1894), chapitre qu’il a fort justement intitulé « Qu’est-ce qu’un fait social ? ». Il remarque que l’on a pour habitude d’employer couramment cette expression « pour désigner à peu près tous les phénomènes qui se passent à l'intérieur de la société ». Or, pour Durkheim, toute activité humaine ne peut pas être qualifiée de fait social. On peut d’abord raisonner par soustraction : un phénomène relevant d’autres disciplines (et donc ne relevant pas de la sociologie) ne peut pas être considéré comme un fait social. Ainsi, les activités de boire, dormir, manger et raisonner ne sont pas des faits sociaux puisqu’ils relèvent « de la biologie et de la psychologie ». Mais cette définition par soustraction n’est pas suffisante. Durkheim propose alors de définir le fait social comme un phénomène qui existe « en dehors » de l’individu  plus précisément, au niveau social  et qui, de ce fait, s’impose à lui. Il donne alors plusieurs exemples : « les croyances et les pratiques de sa vie religieuse, le fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c'est qu'elles existent en dehors de lui. Le système de signes dont je me sers pour exprimer ma pensée, le système de monnaies que j'emploie pour payer mes dettes, les instruments de crédit que j'utilise dans mes relations commerciales, les pratiques suivies dans ma profession, etc., etc., fonctionnent indépendamment des usages que j'en fais. Qu'on prenne les uns après les autres tous les membres dont est composée la société, ce qui précède pourra être répété à propos de chacun d'eux. Voilà donc des manières d'agir, de penser et de sentir qui présentent cette remarquable propriété qu'elles existent en dehors des consciences individuelles. // Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l'individu, mais ils sont doués d'une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s'imposent à lui, qu'il le veuille ou non. » Outre les exemples que Durkheim donne (les croyances religieuses, le langage, le système monétaire, les pratiques professionnelles, règles juridiques, règles morales), on peut citer la famille nucléaire, le salariat (Échaudemaison, 1989, 2003), etc.


H

Habitus

Système des dispositions à percevoir le monde, à sentir, à penser, à agir d'une certaine façon, intériorisées au cours des apprentissages successifs d'un individu (famille, école, travail, etc.), de manière le plus souvent non consciente. Chaque habitus individuel est singulier (car chacun fait un nombre d'expériences sociales, et dans un ordre, qui lui sont propres). Un habitus de classe, ce sont les dispositions tendanciellement communes à une classe d'individus. » (Colloque PB, 2003)


Hérédité sociale

Dans Les Héritiers, P. Bourdieu et J.-C. Passeron [1964] soulignent à quel point la représentation des différentes classes sociales dans l’enseignement supérieur est inégale. La sur-représentation des enfants de familles culturellement favorisées et la sous-représentation des enfants d’origine modeste montrent que l’école opère une importante sélection sociale. Alors que plus de la moitié des enfants de cadre entrent à l’université, seuls 3% des jeunes issus de milieux populaires y parviennent. L’origine sociale est le facteur de différenciation le plus discriminant (plus que le sexe, l’âge, la religion, etc.), pour des raisons culturelles plus qu’économiques. Dans les familles culturellement favorisées, la culture est en effet transmise au sein de la famille. Très tôt intériorisée comme allant de soi (présence d’une bibliothèque, fréquentation de musées, concerts, etc.) et formant un habitus, celle-ci est aisément transposable en dispositions scolaires. Dans les familles modestes, c’est l’école qui transmet cette culture. Dès lors, les enfants de ces dernières doivent littéralement "s’acculturer" pour réussir à l’école. Plus que "du don", la réussite des enfants à l’école relève d’une affinité ou d’une acculturation à la culture dominante et légitime. Les auteurs montrent ainsi la force de la violence symbolique véhiculée par l’école. » (Vigour, 2005, p. 252)


Holisme

« S’oppose à l’individualisme méthodologique. Prédominance du tout sur les parties. Interprétation de nature globalisante. Importance des "effets de système" ou des "déterminations structurelles". » (Ferréol, 1991, 2004, art. « Holisme »)

Le holisme de Durkheim (et son positionnement contre l’individualisme). Dans Les Règles de la méthode sociologique (1894), Durkheim, sans utiliser le terme de holisme, tient des propos qui peuvent être considérés comme holistiques. Il explique que certains phénomènes (qu’il appelle des « faits sociaux ») « s'imposent à [l’individu], qu'il le veuille ou non » (1894, chapitre premier). C’est par exemple le cas du langage, de la monnaie, ou de la religion : « les croyances et les pratiques de sa vie religieuse, le fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c'est qu'elles existent en dehors de lui. Le système de signes dont je me sers pour exprimer ma pensée, le système de monnaies que j'emploie [...], les pratiques suivies dans ma profession, etc., etc., fonctionnent indépendamment des usages que j'en fais. [...] Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l'individu, mais ils sont doués d'une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s'imposent à lui, qu'il le veuille ou non. » (Ibid.) Durkheim oppose alors sa vision (holistique) à celle des individualistes : « Il est vrai que ce mot de contrainte, par lequel nous les définissons [les faits sociaux], risque d'effaroucher les zélés partisans d'un individualisme absolu. Comme ils professent que l'individu est parfaitement autonome, il leur semble qu'on le diminue toutes les fois qu'on lui fait sentir qu'il ne dépend pas seulement de lui-même. Mais puisqu'il est aujourd'hui incontestable que la plupart de nos idées et de nos tendances ne sont pas élaborées par nous, mais nous viennent du dehors, elles ne peuvent pénétrer en nous qu'en s'imposant ; c'est tout ce que signifie notre définition. On sait, d'ailleurs, que toute contrainte sociale n'est pas nécessairement exclusive de la personnalité individuelle. » (Ibid.)


I

Idéal-type ou type idéal

 Pour Max Weber, les idéaux-types sont des constructions réalisées par le chercheur, présentant de manière stylisée les caractéristiques principales du phénomène étudié, en vue de comprendre et d’expliquer la réalité observée [...]. Le chercheur sélectionne certains faits, afin de réduire la complexité de l’écheveau de causalité, de fonder des comparaisons pertinentes et de donner une cohérence aux faits étudiés [...]. » (Vigour, 2005, p. 198) Il ne s’agit « ni d’une description de la réalité, ni d’une hypothèse, mais d’une sélection de traits particulièrement caractéristiques du fait étudié  (Vigour, 2005, p. 76).



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