Analyse morphologique

Le morphème

Le morphème peut  être défini, en première approximation, comme le signe linguistique minimal, ou l’unité minimale de signification : si l’on décompose la forme signifiante qui véhicule son contenu de signification, les éléments obtenus seront des unités dépourvues de sens, ne pouvant être analysées qu’en tant que phonèmes. Deux types de morphèmes sont généralement distingués : les lexèmes (morphèmes à valeur lexicale) et les grammèmes (morphèmes à valeur grammaticale). Rappelons   enfin que des morphèmes de même contenu  sémantique, mais qui apparaissent sous des formes signifiantes différentes, sont nommés allomorphes.

Exercice n° 01

Identifiez les morphèmes de la phrase suivante en précisant s’il s’agit de lexèmes ou de grammèmes, et en justifiant les segmentations effectuées :

Salvator, attiré par ce bizarre personnage, perça la foule et s’efforça de lier conversation avec lui, au sujet du tableau qu’il semblait tant admirer.

Corrigé :

Salvator : lexème (nom propre)

attiré : trois morphèmes :

a / a(t)- : grammème (préfixe) ;                                               (afficher, attiédir, alléger...)

b / -tir : lexème (base verbale) ;                                   (tirer)

c / -é : grammème (morphème de conjugaison)                       (coupé)

par : grammème (préposition)

ce : grammème (déterminant démonstratif)

bizzare : lexème (adjectif)

personnage : deux morphèmes :

a / personn- : lexème (base nominale) ;                       (personne, personnalité...)

b / -age : grammème (suffixe)                                     (veuvage...)

perça : deux morphèmes :

a / perç- : lexème (base verbale) ;                                (percer, percevons ....)

b / -a : grammème (morphème de conjugaison)          (tira, faisa...)

la : deux morphèmes :

a / l- : grammème (base d’article défini) ;                   (le, les)

b / -a : grammème (marque de féminin singulier)        (ta, ma...)

foule : lexème (nom commun)

et :grammème (conjonction de coordination)

s’efforça : quatre morphèmes :

a / s’- : grammème (pronom réfléchi)

b / e(f)- : grammème (préfixe)                                     (effiler, effeuiller...)

c / forç- : lexème (base verbale)                                  (forçons...)

d / -a : grammème (morphème de conjugaison)

de :grammème (préposition)

lier : deux morphèmes :

a / li- : lexème (base verbale) ;                                                 (lie, lies ...)

b / -er : grammème (morphème de conjugaison)         (verser, mener...)

conversation : trois morphèmes :

a / con- : grammème (préfixe) ;                                   (convergence, convention ....)

b / vers- : lexème (base verbale) ;                                (verser ...)

c / -ation : grammème (suffixe)                                               (prolongation, formation ...)

avec : grammème (préposition)

lui : gramème (pronom)

au : deux morphèmes amalgamés :

a / à : grammème (préposition)

b / le : grammème (article)

sujet : lexème (nom commun)

du : deux morphèmesamalgamés :

a / de : grammème  (préposition) ;

b / le : grammème (article)

tableau : lexème (nom commun)

qu’ : grammème (pronom relatif) Allomorphe de « que »

il : grammème (pronom personnel) 

semblait : deux morphèmes :

a / sembl- : lexème (base verbale)

b / -ait : grammème (morphème de conjugaison)

tant : grammème (adverbe)

admirer :  deux morphèmes :

a / admir- : lexème (base verbale)

b / -er : grammème (morphème de conjugaison)

Exercice n° 2

Identifiez les morphèmes de la phrase suivante en précisant s’il s’agit de lexèmes ou de grammèmes, et en justifiant les segmentations effectuées :

  1. Il est vrai que l’évènement qui  avait excité à tel point notre petite société était assez singulier.
  2. Plusieurs critiques m’ont fait l’honneur de réfuter la méthode employée dans les morceaux qu’on va lire.
  3. C’est le même sceau qui s’est imprimé différemment dans ces différentes matières.
  4. Ce style et ces sentiments sont si éloignés des nôtres que nous avons peine à les comprendre.
  5. Ni l’extase du Moyen Age, ni le paganisme ardent du XVIe siècle, ni la délicatesse de la langue de Louis XIV ne peuvent renaitre.
  6. L’existence des êtres finis est si pauvre et si bornée que, quand nous ne voyons que ce qui est, nous ne sommes jamais émus.
  7. Deux siècles de déprédations et de brigandages ont creusé le gouffre où le royaume est près de s’engloutir.
  8. Si l’esprit français, strictement imaginatif et abstrait, donc poétique, jette un éclat, ce ne sera ainsi.
  9. C’était l’intention fondamentale de  l’unanimisme que de faire vivre des êtres collectifs. Jules Romains a su entrecouper les destinées individuelles par de vastes tableaux d’ensemble.
Modifié le: Wednesday 27 January 2021, 14:36