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H

Habitus

Système des dispositions à percevoir le monde, à sentir, à penser, à agir d'une certaine façon, intériorisées au cours des apprentissages successifs d'un individu (famille, école, travail, etc.), de manière le plus souvent non consciente. Chaque habitus individuel est singulier (car chacun fait un nombre d'expériences sociales, et dans un ordre, qui lui sont propres). Un habitus de classe, ce sont les dispositions tendanciellement communes à une classe d'individus. » (Colloque PB, 2003)


Hérédité sociale

Dans Les Héritiers, P. Bourdieu et J.-C. Passeron [1964] soulignent à quel point la représentation des différentes classes sociales dans l’enseignement supérieur est inégale. La sur-représentation des enfants de familles culturellement favorisées et la sous-représentation des enfants d’origine modeste montrent que l’école opère une importante sélection sociale. Alors que plus de la moitié des enfants de cadre entrent à l’université, seuls 3% des jeunes issus de milieux populaires y parviennent. L’origine sociale est le facteur de différenciation le plus discriminant (plus que le sexe, l’âge, la religion, etc.), pour des raisons culturelles plus qu’économiques. Dans les familles culturellement favorisées, la culture est en effet transmise au sein de la famille. Très tôt intériorisée comme allant de soi (présence d’une bibliothèque, fréquentation de musées, concerts, etc.) et formant un habitus, celle-ci est aisément transposable en dispositions scolaires. Dans les familles modestes, c’est l’école qui transmet cette culture. Dès lors, les enfants de ces dernières doivent littéralement "s’acculturer" pour réussir à l’école. Plus que "du don", la réussite des enfants à l’école relève d’une affinité ou d’une acculturation à la culture dominante et légitime. Les auteurs montrent ainsi la force de la violence symbolique véhiculée par l’école. » (Vigour, 2005, p. 252)


Holisme

« S’oppose à l’individualisme méthodologique. Prédominance du tout sur les parties. Interprétation de nature globalisante. Importance des "effets de système" ou des "déterminations structurelles". » (Ferréol, 1991, 2004, art. « Holisme »)

Le holisme de Durkheim (et son positionnement contre l’individualisme). Dans Les Règles de la méthode sociologique (1894), Durkheim, sans utiliser le terme de holisme, tient des propos qui peuvent être considérés comme holistiques. Il explique que certains phénomènes (qu’il appelle des « faits sociaux ») « s'imposent à [l’individu], qu'il le veuille ou non » (1894, chapitre premier). C’est par exemple le cas du langage, de la monnaie, ou de la religion : « les croyances et les pratiques de sa vie religieuse, le fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c'est qu'elles existent en dehors de lui. Le système de signes dont je me sers pour exprimer ma pensée, le système de monnaies que j'emploie [...], les pratiques suivies dans ma profession, etc., etc., fonctionnent indépendamment des usages que j'en fais. [...] Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l'individu, mais ils sont doués d'une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s'imposent à lui, qu'il le veuille ou non. » (Ibid.) Durkheim oppose alors sa vision (holistique) à celle des individualistes : « Il est vrai que ce mot de contrainte, par lequel nous les définissons [les faits sociaux], risque d'effaroucher les zélés partisans d'un individualisme absolu. Comme ils professent que l'individu est parfaitement autonome, il leur semble qu'on le diminue toutes les fois qu'on lui fait sentir qu'il ne dépend pas seulement de lui-même. Mais puisqu'il est aujourd'hui incontestable que la plupart de nos idées et de nos tendances ne sont pas élaborées par nous, mais nous viennent du dehors, elles ne peuvent pénétrer en nous qu'en s'imposant ; c'est tout ce que signifie notre définition. On sait, d'ailleurs, que toute contrainte sociale n'est pas nécessairement exclusive de la personnalité individuelle. » (Ibid.)