4. La poésie lyrique et élégiaque

Si, pour les raisons évoquées, nous laissons de côté les poésies épiques et dramatiques, le genre poétique se réduit alors presque exclusivement à celui qui répond aux caractéristiques typiques de la poésie, c’est-à-dire le lyrisme. Ce sous-genre semble concorder avec les propriétés principales de la poésie et pourrait être considéré comme le pendant des deux grandes familles littéraires, la dramatique et la narrative.

### Le lyrisme
À l’origine, la poésie était destinée à être chantée, souvent accompagnée d'une lyre, d’où le terme « lyrisme ». La figure légendaire d’Orphée, qui aurait inventé la cithare, symbolise cet aspect musical de la poésie, capable de charmer même la nature.

Le lyrisme, au sens moderne, est défini comme l’expression personnelle d’une émotion exprimée par des voies rythmiques et musicales. Le lien avec le chant n’est pas totalement rompu, comme le suggère la célèbre phrase de Valéry : « Le lyrisme est le développement d’un cri » (Tel quel, 1941). Mais le lyrisme comporte également une autre caractéristique : il émane d’un « je » – que le romantisme a souvent identifié au poète lui-même, bien que ce « je » puisse parfois s’effacer derrière un personnage. Par exemple, Olympio représente la voix de Hugo (Tristesse d’Olympio), tandis que le « tu » de Zone chez Apollinaire est un aspect du « moi » (Alcools).

Le lien avec le chant ou le cri, ainsi que le contenu personnel et intime, deux traits dominants du texte lyrique, entraînent l'utilisation de structures rythmées, parfois incantatoires, et de figures exaltantes ou majestueuses, souvent associées à un vocabulaire symbolique et raffiné. Le vers et les formes poétiques fixes (comme le sonnet) sont des formats privilégiés pour le lyrisme. Les thèmes récurrents incluent les sentiments individuels profonds comme l'amour malheureux, la souffrance, la tristesse, la mélancolie, voire parfois la joie ou l’enthousiasme. Ces tonalités poétiques ont déjà émergé au Moyen Âge avec des poètes comme Rutebeuf, Charles d’Orléans, et Villon, puis ont dominé le genre poétique à partir de la Renaissance.

### L'élégie
La poésie élégiaque est une extension du lyrisme avec des caractéristiques plus codifiées. Le terme vient du grec "élegia", signifiant "chant de deuil". Si l’Antiquité associait ce mot à une forme métrique particulière (le distique élégiaque, un hexamètre suivi d'un pentamètre), la Renaissance a réorienté le terme vers des œuvres poétiques qui expriment des sentiments tristes ou douloureux.