5. Les autres genres narratifs

5.3. Le fabliau et la fable

Le mot "fable" apparaît souvent lorsque nous parlons de genres narratifs. Cela s'explique par le fait qu'étymologiquement, ce terme provient du latin "fabula", qui signifie "récit". Dans son sens premier, "fable" évoque simplement une histoire ou une narration. Au Moyen Âge, le mot se confond avec le terme "fabliau" et peut également désigner des récits mythologiques.

Inspirée par des modèles antiques comme ceux d'Ésope et de Phèdre, la fable évolue au fil du temps pour se spécialiser, dès l'époque classique, en une histoire imaginaire conçue pour illustrer une morale. Elle devient ainsi un genre relativement bien défini, avec ses propres règles : être concise, mettre en scène des personnages souvent symboliques (souvent des animaux), s'appuyer sur une narration (apologue) qui conduit à une leçon (morale), le tout, généralement, écrit en vers. Le représentant le plus célèbre de ce genre est La Fontaine, suivi de ses successeurs comme Houdar de La Motte, Fénelon, et Florian. Dans le langage courant, le terme "fable" peut aussi désigner un récit fictif, voire mensonger.

### Le fabliau
Ce genre, qui remonte au XIIIe siècle, est écrit en vers et, comme son nom l'indique, dérive de la fable. Les fabliaux sont des récits courts en octosyllabes, écrits par des auteurs anonymes, qui puisent leur inspiration dans la vie quotidienne ou le folklore populaire. L'intrigue des fabliaux est souvent simple, teintée de grivoiserie ou de scatologie, mettant en scène des personnages stéréotypés (le mari trompé, l'épouse infidèle, le prêtre rusé, le paysan naïf) dans un but satirique ou édifiant. Ce genre s'éteint progressivement sous sa forme traditionnelle avec la Renaissance, bien que d'autres formes narratives, comme le conte, aient été influencées par le fabliau.

Le terme "fabliau" était déjà utilisé au Moyen Âge en parallèle avec d'autres termes désignant des formes narratives brèves : le lai (qui évoque des sujets plus nobles), le dit, la risée, l'exemplum (une histoire qui dégage une leçon), le mirabilium (récit de faits surnaturels), et bien sûr la fable. Ce champ lexical souligne la diversité des formes narratives tout en mettant en lumière la difficulté de les classer de manière précise.