5. Les autres genres narratifs

5.2. Le conte

Il est courant de regrouper la nouvelle et le conte dans une même analyse, car ces deux formes littéraires présentent des similitudes importantes. Parfois, ils semblent interchangeables, comme l'indiquent certains titres de nouvelles comme "Contes à Ninon" (Zola), "Contes de la bécasse" (Maupassant), ou "Contes du lundi" (Daudet). Mérimée lui-même utilise indifféremment le terme "conte" ou "nouvelle" pour désigner "La Vénus d’Ille." Cette confusion sémantique remonte loin dans le temps, car au Moyen Âge, "conte" était utilisé pour désigner tout type de récit, comme le montre Chrétien de Troyes dans "Le Conte du Graal." Aujourd'hui, on parlerait plutôt de roman pour ce texte.

Le moyen le plus simple de distinguer le conte du roman est par la longueur. Le conte est un récit court, tandis que le roman est long. Cependant, cette distinction fait ressortir davantage la similarité entre le conte et la nouvelle, toutes deux des formes courtes de récit. Dans les deux cas, on trouve des caractéristiques communes comme un sujet unique, peu de personnages, et une narration épurée, qu'elle soit basée sur des faits réels ou fictifs.

Pour comprendre la différence entre conte et nouvelle, il peut être utile de revenir à l'histoire des termes. Le mot "conte" provient du même étymologie que "compte," et le verbe "conter" vient du latin "computare," qui signifie "compter" ou "énumérer," suggérant ici la structure des épisodes d'un récit. Apparue au XIIe siècle, l'appellation "conte" désignait initialement un récit inspiré de la réalité, censé relater des faits vrais. Cependant, étant donné la nature créative de la littérature, cette exigence de réalité a été largement ignorée, et le terme a été appliqué à une variété de formes narratives, y compris les fabliaux, les dits, et même les chansons de geste.

Si nous voulons identifier quelques caractéristiques distinctives, les éléments suivants peuvent être retenus :
- Le conte tend vers la fable ou l'onirisme, s'éloignant du réalisme ou de la vraisemblance.
- Les personnages du conte sont souvent symboliques, plutôt que définis par des traits individuels.
- Le conte a des racines populaires, puisant ses thèmes dans la tradition orale, la culture collective, ou le folklore.
- Il peut être plus long que la nouvelle, tout en restant un récit court.
- La narration dans le conte est directe, s'inspirant de l'oralité : un narrateur clairement identifié "raconte" l'histoire.
- Le conte comporte souvent une intention morale ou didactique, soit explicitement exprimée, soit implicite dans le récit.