3. Le récit : éléments de définition

3.1. Les composantes du récit

Certains éléments distinctifs permettent de reconnaître un texte narratif, soit par ses aspects formels, soit par ses thématiques. Comme l'explique Louis Baladier dans son ouvrage consacré au genre, ces éléments peuvent être regroupés en trois grandes catégories : ceux qui concernent le contenu, ceux qui sont liés à la technique, et ceux qui se rapportent au sens de l'œuvre. Pour simplifier, voici les caractéristiques qui définissent un récit :

- **Une histoire** : Pour raconter, il faut d'abord qu'il y ait une matière à raconter. Cela signifie qu'il y a un ou plusieurs événements qui sont restitués et présentés de manière « figurative ». Ces événements impliquent des êtres vivants (les personnages) qui évoluent dans un contexte spatial et temporel défini (le cadre spatiotemporel) et qui agissent selon certains modes de pensée et comportements (les mœurs). Cette matière narrative peut être appelée histoire, sujet, argument, ou scénario.

- **Une forme** : Les événements ne peuvent être narrés qu'à travers un certain code, qu'il soit oral ou écrit, la littérature se limitant principalement à l'écrit. Grâce à ce code, l'énoncé narratif devient un texte soumis aux règles et exigences de la stylistique. L'écriture narrative peut prendre plusieurs formes selon son degré de mimétisme :
  - Le **narré**, où les événements sont racontés avec ou sans commentaire ;
  - Le **montré**, où la réalité est retranscrite par des mots, comme dans les descriptions ou les portraits ;
  - Le **parlé**, où les paroles des personnages sont reproduites, soit de manière directe, soit indirecte.

- **Un sens** : Derrière les événements racontés, il y a souvent une intention de l'auteur, qui vise à faire comprendre ou interpréter quelque chose. Cela peut impliquer une volonté de transmettre un message, une morale, ou une interprétation des faits. Les éléments chargés de signification indépendants du contenu narratif ou des modes de narration peuvent contribuer à tisser un réseau de sens. Ces indices, appelés motifs, thèmes ou topoï, peuvent être plus ou moins visibles selon l'œuvre, parfois explicitement signalés par l'auteur à travers des éléments paratextuels comme le titre, la préface, les notes, les épigraphes, ou encore par des intrusions dans le récit. Dans d'autres cas, ces éléments peuvent être dissimulés dans le texte sous forme de symboles ou de métaphores, nécessitant parfois des outils d'analyse issus de la psychanalyse pour révéler ce que l'on appelle « l'inconscient du texte » (selon J. Bellemin-Noël).