6. Le drame

6.4. Le mélodrame

La forme hybride qui s'est développée à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle sert de "point de jonction" entre le drame bourgeois et le drame romantique, selon Michel Lioure. Guilbert de Pixerécourt, surnommé le "Corneille du Boulevard", est la figure de proue de ce mouvement, ayant écrit près de 120 pièces et en ayant fait jouer plus de la moitié.

Le terme "mélodrame" signifie étymologiquement "drame chanté", et au XVIIIe siècle, il désigne des pièces qui mêlent encore dialogues et musique, comme le montre Rousseau avec son "Pygmalion" (1775). Par la suite, le sens du mot a évolué pour désigner une pièce populaire stricte, suivant des règles devenues des recettes stéréotypées, telles que :
- Des personnages fixes et reconnaissables (le héros, l'héroïne, le père, le traître, le niais).
- Des décors conventionnels et spectaculaires (châteaux forts, ruines, tombes).
- Une structure invariable en trois actes (la crise, la souffrance, la délivrance).

En résumé, plusieurs idées se dégagent du genre dramatique :
- Le genre dramatique est clairement identifiable grâce à de nombreux signes distinctifs, structurels et "poétiques", parmi lesquels l'énonciation à la première personne.
- Il se subdivise en différentes formes et à divers niveaux hiérarchiques : la tragédie, la comédie, le drame, eux-mêmes divisés en sous-genres comme la tragicomédie, la farce, le mélodrame, etc.
- Parmi ces formes, la tragédie semble la plus conforme aux règles du genre et sert de référence pour les autres types de pièces.
- À mesure que l'on descend dans la hiérarchie des formes, les caractéristiques distinctives deviennent moins précises et peuvent parfois n'être que des étiquettes historiques.
- Malgré ses origines très anciennes, le genre dramatique reste vivace mais assez flexible à l'époque contemporaine.
- Enfin, on peut se demander si le genre dramatique appartient vraiment au domaine littéraire, puisque son champ d'action dépasse souvent le texte écrit.