5. La comédie

L'auteur de la *Poétique*, en évoquant le théâtre comme un art de la mimésis, vise surtout à établir les règles du genre qu'il considère comme supérieur et, dans une certaine mesure, idéal : la tragédie. Les remarques relatives à la comédie (et dans une certaine mesure, à l'épopée) ne sont mentionnées que par rapport à ce genre dont *Œdipe Roi* de Sophocle est un parfait exemple.

Voici quelques-uns des critères établis par Aristote :
- **Le portrait du héros** : « L'une [la comédie] cherche à imiter des hommes moins vertueux, tandis que l'autre [la tragédie] présente des personnages plus vertueux que leurs contemporains » (1448a). Il ajoute également : « La comédie est une imitation d’hommes sans grande vertu » (ibid.).
- **Les sujets plus vulgaires** : la comédie a des racines populaires et dionysiaques, provenant de « ceux qui animaient les chants phalliques encore célébrés dans de nombreuses cités » (1449a).
- **Une fin heureuse** : « Dans la comédie, les personnages qui, dans le récit, étaient de grands ennemis, comme Oreste et Égisthe, finissent par se réconcilier, et personne n'est tué » (1453b).
- **Le ressort comique** : il est crucial pour la comédie et se manifeste principalement de deux manières : par la difformité, car « le comique provient d’un défaut ou d’une laideur qui n’entraînent ni douleur ni dommage ; par exemple, un masque comique peut être laid et difforme sans provoquer de souffrance » (1449a) ; et par le langage : « Si pour créer des effets comiques, on utilise intentionnellement des métaphores, des termes rares et des expressions délibérément déplacées, on obtient l'effet désiré » (1458b).

La comédie a émergé dans la Grèce antique en même temps que la tragédie, avec un représentant notable, Aristophane, qui aurait écrit quarante-quatre comédies (dont onze subsistent). Les règles de mise en scène sont assez proches de celles de la tragédie et, bien que les sujets soient traités de manière comique, ils peuvent aussi aborder des thèmes sérieux : la politique dans *Lysistrata* ou *La Paix*, la religion dans *Les Grenouilles* ou *Les Nuées*, la justice dans *Les Guêpes*. La comédie s'est poursuivie avec Ménandre, qui a influencé la tradition latine (Plaute, Térence). Horace, au Ier siècle av. J.-C., a repris le flambeau d'Aristote pour élaborer une théorie, en insistant sur les spécificités du genre :

« Une comédie ne doit pas être écrite en vers tragiques […].
Que chaque genre reste à sa place qui lui convient. » (*Art poétique*, trad. F. Maisonneuve, Paris, Les Belles Lettres.)

Boileau, dans un distique célèbre, reprend cette idée :
« Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs,
N'admet point en ses vers de tragiques douleurs. » (*Art poétique*, chant III.)