3. À propos de certains présupposés

3.1. L'idée de norme

Le classement en genres repose sur un désir d’ordre, dans les deux sens du terme. D'un côté, en répartissant des objets dans des catégories précises, on peut remédier au chaos d'une production désorganisée. Le genre, en tant qu'étiquette de classement, devient un outil pratique pour passer de l'imprécis au précis, de l'indéfini au défini, du général au spécifique. D'un autre côté, cette organisation des genres est aussi un « ordre imposé », dans le sens où la catégorie générique prédétermine le contenu des œuvres qui y sont associées. Cela crée une structure rigide régie par des règles strictes dont le respect assure la cohérence. Pour caractériser les genres, des critères d'appartenance ont dû être définis et, une fois formalisés en termes normatifs, ils se sont transformés en contraintes codifiées. Chaque genre implique des lois qui le définissent, des limites qui le délimitent, des théoriciens qui en surveillent l'usage et qui confèrent leur approbation. On comprend donc pourquoi ces rigidités peuvent provoquer des rébellions et comment ces règles peuvent encourager des transgressions.