2. Définition : Qu’est-ce qu’une langue de spécialité ?

Il est difficile de cerner avec précision la notion de « langue de spécialité » d’autant plus que les chercheurs n’arrivent pas à s’entendre sur la définition, voire sur l’appellation à donner. Les appellations sont, en effet, multiples et variées suivant les chercheurs : langue de spécialité, de langues de spécialité, langues spécialisées, vocabulaire scientifique, …. Il n’y a, à cet effet, pas de consensus entre les chercheurs ni sur l’appellation ni sur la définition.

Galisson et Coste définissent la langue de spécialité de manière générale comme : « une expression générique pour désigner les langues utilisées dans les situations de communication qui impliquent la transmission d’une information relevant d’un champ d’expérience particulier » (1976, 511)

Pour Lerat : «  c’est une langue naturelle considérée en tant que vecteur de connaissances spécialisées » (Lerat, 1995 : 20)

Dubois, quant à lui, la définit comme « un sous-système linguistique tel qu’il rassemble des spécificités linguistiques d’un domaine particulier » (Dubois, 2001 : 40).

Cabré, quant à elle, insiste sur l’aspect terminologique des langues de spécialité : « Les langues de spécialité sont les instruments de base de la communication entre spécialistes. La terminologie est l’aspect le plus important qui différencie non seulement les langues de spécialité de la langue générale, mais également les différentes langues de spécialité. » (Cabre, 1998: 90)

Ces différentes définitions reflètent les diverses perspectives adoptées par les chercheurs pour donner une définition à la notion de langue de spécialité. Elles témoignent donc de la difficulté à donner une définition consensuelle. Cependant, elles se rejoignent sur deux points principaux, à savoir le domaine de spécialité et les spécificités linguistiques ou discursives.

Dans sa description du CECR, Michel PETIT (2006) consacre la grande partie de son travail à l’étude de la conception des langues de spécialité dans le CECR. L’auteur pense que : « les spécialistes savent bien que l’appellation commune de langue de spécialité désigne de façon commode mais imprécise un ensemble assez hétérogène de réalité de nature différente, chacun privilégiant, en fonction de son expérience et de ses intérêts professionnels d’enseignement, et/ou de recherche, tel ou tel point de vue. » (Petit, 2006, 03). L’auteur ajoute : « Constitue une langue de spécialité tout ensemble d’objets linguistiques et/ou langagiers défini par son rapport à une «spécialité ». Le français des affaires, le français scientifique et technique, sont ainsi du français de spécialité ; l’anglais juridique, l’anglais médical, de l’anglais de spécialité, etc. » (Petit, 2006, 03),

Selon la même source, l’accent peut être mis, selon les cas1, sur un ou plusieurs des aspects suivants :

  • terminologie du domaine de spécialité ;
  • particularités de mise en œuvre de telle ou telle catégorie ou structure linguistique dans le discours du domaine (sémantico-syntaxe du groupe nominal ; expression de la modalité ; etc.)
  • caractéristiques des genres discursifs ou textuels représentatifs du domaine ; etc.

D’une manière générale, on peut donc dire que la langue de spécialité n’est pas une langue à part mais elle est l’utilisation particulière d’une langue naturelle ou de la langue commune comme vecteur de connaissances spécialisées. Mais dans ce cas quelle relation existe entre langue commune et langue de spécialité ?