Le terme “français général” est apparu suite à la naissance du “Français sur Objectifs Spécifiques” pour désigner « toute la partie du FLE qui n’est pas du FOS ».[1] Afin d’établir les points communs et les points divergents entre ces deux sortes de français, nous nous référons à la comparaison établie par Mangiante et Parpette[2].

A. Les dissemblances

         Contrairement à ce que nous pourrions penser, nous comptons beaucoup plus de points communs que de divergences entre ces deux sortes de français. Cependant, des différences subsistent. Elles sont synthétisées dans le tableau suivant :

Français général

Français sur objectifs spécifiques

1. Objectif large

1. Objectif précis

2. Formation à moyen ou long terme

2. Formation à court terme (urgence)

3. Diversité thématique, diversité de compétences

3. Centration sur certaines situations et compétences cibles

4. Contenus maîtrisés par l’enseignant

4. Contenus nouveaux, a priori non maîtrisés par l’enseignant

5. Travail autonome de l’enseignant

5. Contacts avec les acteurs du milieu étudié

6. Matériel existant

6. Matériel à élaborer

7. Activités didactiques

 

 

            Enfin, nous constatons à travers ce tableau comparatif que les deux démarches se retrouvent en fin du processus de conception de programmes général ou spécialisé par l’aboutissement à une finalité commune : les activités didactiques.            

            Ainsi, à travers tous ces exemples de cas de formations, nous pouvons bien voir que les deux sortes d’enseignement, celui du FOS et du français général (FOG), peuvent être très différents ou au contraire très concomitants. La frontière qui les sépare est mince.  

B. Les similitudes

            Comme nous l’avons signalé précédemment, contrairement à ce que nous pourrions penser, beaucoup de similitudes réunissent le FOS et le français général malgré la prise en charge de publics et d’objectifs de formation différents. En effet, comme nous allons le développer, ils se partagent un certain nombre de points communs dont:

  • Un enseignement fondé sur les besoins de communication des apprenants  

        Les méthodes mises en place en FLE privilégient les situations de communication de la vie quotidienne dans lesquelles les apprenants seraient susceptibles de se retrouver. La diversité du public FLE nécessite un large balayage des différentes situations de la vie courante sans centration sur aucune d’elle.

        C’est dans ce même ordre d’idées que s’inscrit également l’enseignement du FOS, devant, dans tous les cas, établir une “analyse des besoins”. La seule différence est que la détermination des besoins primordiaux relève du cadre professionnel ou académique, ce qui n’est pas le cas dans l’enseignement du FLE. Par ailleurs, l'enseignement du FOS recommande l’élaboration d’un programme parfaitement étudié pour répondre à des besoins bien limités, préalablement définis.   

 

  • Le développement, au-delà d’une compétence linguistique, d’une compétence de communication

       La didactique du FLE se préoccupe de développer une compétence linguistique en corrélation avec les différents paramètres de la communication : lieu, moment de l’énonciation, contexte, profil des locuteurs, relations interpersonnelles, enjeu des échanges oraux ou écrits, etc. Il y a là présence d’une multiplicité de discours.

       C’est approximativement pareil pour le FOS, la seule différence est que les situations de communication sont ciblées et ne réfèrent qu’au domaine étudié et ne traitent que des faits linguistiques dont  a besoin l’apprenant pour asseoir des compétences dans ce même domaine.

 

 

  • La prise en compte de la dimension culturelle

           La dimension culturelle est omniprésente en français général de par la diversité des locuteurs et la multiplicité des thèmes abordés dans les textes et documents étudiés (pouvant traiter de tout y compris des phénomènes de société).  Elle l’est également en FOS et revêt une importance capitale en rapport avec une intercompréhension autrement plus importante qu’un échange linguistique à visée pragmatique qui pâlit au décalage culturel (car une méconnaissance de la culture de l’autre pourrait engendrer des quiproquos) malgré une parfaite maîtrise du code linguistique. Le plan de formation traitera plusieurs paramètres : relations professionnelles, le respect de la hiérarchie, l’organisation interne de l’entreprise ou de l’université, etc.

          Tous ces paramètres sont pris en considération dans une formation de FOS car une méconnaissance des dimensions culturelles peut, au mieux entraver une bonne compréhension, au pire donner naissance aux malentendus, synonymes de dysfonctionnement.

        Ainsi, c’est à l’enseignant de faire un effort et un travail d'intelligence interculturelle et de communiquer une curiosité intellectuelle à ses apprenants, d’après Lehmann (1993) :

…l’enseignant de français spécialisé devra d’abord mener à bien une acculturation personnelles (intra-culturelle si l’on veut) avant d’être en mesure de favoriser chez les apprenant avec qui il travaillera une autre acculturation, inter-culturelle celle-là.[3]

 

  • Le recours aux discours authentiques

        Avec l’avènement de l’approche communicative, nous constatons la forte  importance accordée à l’authenticité du matériel pédagogique : textes, articles, B.D., pièce théâtrale…

        C’est la tendance également dans les programmes du FOS car il est difficile d’imaginer pour le concepteur des situations cibles, des supports “prêts à investir”. Bien au contraire, il est obligé d’enquêter, de rassembler et de collecter des données, de les répertorier et de les exploiter comme supports dans ses cours. Le matériel pédagogique du FOS se caractérise donc par son authenticité. 

 

 

  • Le traitement de la langue par aptitudes langagières

          Les quatre aptitudes langagières ne sont pas forcément liées, l’oral (production) peut faire l’objet d’un apprentissage sans forcément aborder les autres aptitudes, cela dépend des besoins des apprenants. Même si, généralement, dans les méthodes d’enseignement du français général les quatre aptitudes sont traitées d’une manière équilibrée pour répondre à des besoins divers, il existe des manuels où les supports et les activités ne prennent en charge qu’une seule aptitude, ils peuvent traiter uniquement la compétence de l’écrit par exemple.

          Il en est de même pour le FOS, il prend en charge les quatre aptitudes mais les prodigue en fonction des besoins des apprenants. Il tend à privilégier certaines aptitudes en fonction des objectifs fixés et de la contrainte temporelle. Ainsi, l’exclusivité de l’oral est de mise pour les personnes chargées d’accueil ou à dominante touristique, tandis que la compétence de l’écrit (production/réception) dominera des cours pour les étudiants ayant recours à une documentation en français ou qui devront rédiger leur thèse (en langue française évidemment). Ainsi, selon les cas et les situations cibles, le FOS accordera plus d’importance à telle(s) ou telle(s) aptitude(s).

 

  • Le développement des échanges entre apprenants au sein de la classe

            Un des principes majeurs de l’approche communicative est de créer en classe des situations se rapprochant le plus possible de la vie courante et dans lesquelles pourraient se retrouver les apprenants. Les échanges entre apprenants y sont fortement encouragés et pratiqués. Les cours se font en travaux de groupe, les apprenants se concertent et choisissent un des sujets proposés par l’enseignant pour le réaliser. C’est la même démarche qui est observée dans les cours du FOS car elle marque ses avantages à deux niveaux :

  • Les apprenants sont plus expérimentés dans le domaine que l’enseignant qui n’est pas un spécialiste, contrairement à eux. Ils peuvent ainsi enrichir le cours par leurs propres informations.
  • Comme la formation est limitée dans le temps, il est essentiel que l’apprentissage soit le plus efficace possible et ces pratiques de classe le rendent rentable.

C’est à la lumière de tous les points précédemment développés que Mangiante et Parpette (2004) déclarent que :  

     Le grand intérêt du FOS sur le plan méthodologique réside, à notre sens, dans la cohérence, le lien explicite qu’il établit entre les besoins des apprenants et objectifs de cours. Les besoins permettent en effet de délimiter clairement un espace particulier à étudier dans le champ immense que constitue le français (…). L’enseignement généraliste de la langue, par son absence de besoins à court terme, gagne en liberté de manœuvre- il peut balayer un champ plus étendu parce que moins contraint- mais risque aussi de se perdre en cohérence dans l’esprit des apprenants, en particulier chez des élèves captifs de l’enseignement scolaire, dans la mesure où des objectifs larges rendent plus difficile la justification des choix de cours.[4]

 

       De plus, comme nous l’avons développé en dernier lieu, le FOS et le français général se partagent une méthodologie commune qui est bien mise en exergue lors de l’élaboration des cours de FOS : « Et le meilleur moyen de comprendre ce qu’est la méthodologie communicative consiste sans doute à se pencher sur la mise en place d’un programme FOS ».[5]  

 

         Ainsi, les deux auteurs (Mangiante et Parpette) préconisent une démarche à suivre et à respecter par le concepteur dans toute élaboration d’activités pour un public spécialisé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] J-M. MANGIANTE et C. PARPETTE. op, cit., p 153.

[2] Ibid., pp 153-159.

[3] D. LEHMANN, Objectifs spécifiques en langue étrangère. Les programmes en question, éd. Hachette, Paris, 1993, p. 13.

[4] J-M. MANGIANTE et C. PARPETTE. op, cit., p 158.

[5] Ibid, p 159.

Modifié le: Thursday 18 November 2021, 19:04