1. La phrase simple

1.1. Une phrase simple : comporte un  seul  verbe  conjugué.  Elle  forme  une seule proposition appelée proposition indépendante. [Aujourd’hui, de véritables navires-usines sillonnent les océans.]

         La  phrase  simple  est  formée  de  deux  groupes de mots indispensables :  le  groupe  du  sujet  et  le  groupe  du  verbe.  Elle  peut  aussi  comporter un  ou  plusieurs  groupes supplémentaires : les compléments  circonstanciels.

1.2. Une phrase complexe : comporte autant de propositions (groupe de mots organisés autour d’un verbe) que de verbes conjugués. La phrase complexe peut être formée de deux propositions indépendantes ou plus, d’une proposition principale et d’une proposition subordonnée.

- La proposition subordonnée dépend de la proposition principale.

On peut créer une phrase complexe par :

1.2.1. juxtaposition : un signe de ponctuation (,) (;) (:) relie les propositions.

Ex. [Tous les étudiants sont inquiets] : [leurs notes d’examen n’étaient pas bonnes]

                    Proposition 1                                                  Proposition 3

 1.2. 2.   coordination : une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (puis, ensuite, cependant, au contraire…) relie les propositions.

Ex. [Tous les scientifiques sont inquiets] car [le coronavirus menace la planète entière.]

1.2.3.   subordination :   une  conjonction  de  subordination  (que,  parce  que, quand, afin que, bien que, de sorte que…) ou un pronom relatif (qui, que, dont, où…) introduit la proposition subordonnée et la relie à la principale.

Ex. [Tous les scientifiques sont inquiets][par ce que le coronavirus menace la santé humaine.]

              Proposition principale                                     proposition subordonné

1.3. Les constituants indispensables de la phrase simple[1] :

  •  Le sujet : est toujours un groupe nominal ou un élément équivalent (pronom) qui a les fonctions du nom.
  • Le groupe verbal contient toujours les mots ou les groupes de mots indispensables pour que le sens du verbe soit complet.

 

 

-  Exemples :

  • La fusée décollera.

        Groupe du sujet : La fusée.

        Groupe verbal : décollera.

        Sens du verbe : décoller.

  • Des vents violents ont empêché le décollage.

        Groupe du sujet : Des vents violents.

        Groupe verbal : ont empêché le décollage.

        Sens du verbe : empêcher (quelque chose).

  • Les compléments circonstanciels sont des groupes de mots supplémentaires :

Les compléments circonstanciels ne font pas partie du groupe verbal.  Les compléments circonstanciels sont indispensables pour le sens de la phrase, mais ils ne sont pas indispensables pour que le sens du verbe soit complet.

- Exemples :  

  • La fusée décollera de la base de Kourou.

           Groupe du sujet : La fusée.

           Groupe verbal : décollera.

           Complément circonstanciel : de la base de Kourou (lieu)

  • Hier, des vents violents ont empêché le décollage.

                     Groupe du sujet : Des vents violents.

                     Groupe verbal : ont empêché le décollage.

                     Complément circonstanciel : hier (temps).

1.4. Analyse de la phrase simple :

Observons cet exemple : Hier, un vent violent a empêché le décollage de la fusée sur la base de Kourou.

  • On cherche d’abord le verbe conjugué.

 Le verbe est le mot qui se conjugue. Il exprime une action ou un état qu’il situe dans le temps : Hier… ont empêché, aujourd’hui… empêche, demain… empêcheront.      Le verbe conjugué est : ont empêché.

  • On cherche en même temps le sujet.  Le sujet peut être mis en relief par c’est… quiC’est un vent violent qui a empêché… Le sujet est : un vent violent.
  • On examine la construction du sujet. C’est un groupe nominal étendu : nom + adjectif épithète.
  •  On examine la construction du groupe verbal.

 -  Le verbe est-il intransitif, c’est-à-dire employé tout seul dans le groupe             verbal ?

- Le verbe est-il transitif, c’est-à-dire employé avec un complément ?

- De quel type est ce complément : COD, COI, COS, complément de verbe… ? - Est-ce un verbe d’état suivi d’un attribut ?

Ici :

         – le groupe verbal est : a empêché le décollage de la fusée ;

         – il comporte un verbe transitif direct (a empêché) et son COD (le                            ……..décollage de la fusée) ;

         – le COD est un groupe nominal étendu : nom + complément de nom.

  • On examine la construction des compléments circonstanciels :

- Comment sont-ils formés : groupe du nom, pronom, adverbe, proposition ?

-  Sont-ils en construction directe ou en construction indirecte ?

-  Quel est leur sens : temps, lieu, manière, cause, etc. ?

- Ici :

  • le premier est un adverbe complément de temps : hier ;
  •   le deuxième est en construction indirecte (préposition sur) ; c’est un groupe nominal complément de lieu : sur la base de Kourou.
  • On a alors une sorte de vue d’ensemble de la phrase. Cette vue d’ensemble est importante. Elle concerne la phrase, les mots qui la composent et le texte dans lequel elle se trouve.

       Un vent violent : sujet.

       A empêché le décollage de la fusée : groupe verbal.

       Hier, sur la base de Kourou : compléments circonstanciels.

1.4.1. Les principales constructions du sujet sont :

  • le groupe nominal simple :

          Le soleil brille.

  • le groupe nominal étendu

       - avec un adjectif épithète :

           Un vent violent se lève.

      - avec un complément du nom:

          Un vent d’ouest soulève les vagues.

      - avec une subordonnée relative :

           L’orage qui a été annoncé approche.

  • le pronom :

Un vent violent se lève. Il vient de l’ouest.

  • l’infinitif :

Courir donne du souffle.

  • la proposition subordonnée relative sans antécédent :

 Ce qui est rare est cher.

 

 

1.4.2.  Les principales constructions du groupe verbal sont :

  • verbe intransitif sans complément :

Le soleil brille. Le vent se lève. Un orage approche.

  • verbe transitif direct + complément d’objet direct :

 Les nuages cachent + le soleil.

Cette construction peut être mise à la voix passive avec un complément d’agent :

Le soleil est caché par les nuages.

  • verbe transitif indirect + complément d’objet indirect:

 Les nuages ressemblent + à des bateaux. Ce groupe ne peut pas être mis à la voix passive.

  • verbe transitif + complément d’objet direct + complément d’objet second :

 Le journal télévisé montre + les inondations + aux téléspectateurs.

  • verbe transitif + complément d’objet indirect + complément d’objet second : Le journal télévisé parle + des inondations + aux téléspectateurs.
  • verbe + complément de verbe :

 Les nuages venaient + de l’ouest.

1.4.3. Les principales constructions du complément circonstanciel :

     Prenons l’exemple du complément circonstanciel de temps.

  • Groupe nominal en construction directe :

 Les vacances commencent ce soir.

  • Préposition + nom : Nous sommes en vacances depuis ce matin.
  • Adverbe en construction directe : Les vacances ont commencé hier.
  • Préposition + adverbe : Nous sommes en vacances depuis hier.
  •  Proposition subordonnée circonstancielle : Quand je suis en vacances, je me lève plus tard.


[1] http://blogs.lfiduras.com/lettres-duras/wp-content/uploads/sites/16/2015/09/littreref_12.pdf

2. Les types et les formes de phrases

2.1. Types de phrases

    Pour exprimer des faits, poser des questions, inciter à agir, exprimer ses sentiments. Nous pouvons utiliser différents types de phrases.

 

2.1.1.  Les phrases déclaratives : 

    Elles servent à exprimer un fait, une action.

 A l’oral, l’intonation descend.

 A l’écrit, elles se terminent par un point  «. »  .

La phrase déclarative est considérée comme la phrase de base. L’ordre fondamental de ses constituants est : sujet – verbe – complément.

2.1.2. Les phrases interrogatives :

      Elles servent à poser une question.

 A l’oral, l’intonation monte.

 A l’écrit, elles se terminent par un point d’interrogation  « ? ».

 Elles peuvent prendre diverses formes selon le registre de langue :

  • soutenu : Parles-tu sérieusement ?
  • courant : Est-ce que tu parles sérieusement ?
  •  familier : Tu parles sérieusement ?

L’interrogation peut être :

  • totale (réponses : oui ou non)
  •  partielle (porte sur un élément)

2.1.3.  Les phrases exclamatives :     Elles servent à exprimer un sentiment.

A l’oral, l’intonation monte.

A l’écrit, elles se terminent par un point d’exclamation « ! » ou par un « . ».

Il peut s’agir :

  • d’une interjection :    Aie ! Vlan ! Crac !
  • d’un GN :      Quel temps !
  • d’une phrase verbale :       Comme il pleut !

2.1.4.  Les phrases injonctives :

 Elles servent à donner un ordre, un conseil, exprimer une défense.

 Pour exprimer l’ordre, on peut employer :

  • le mode impératif :     Sortez !
  •  le mode subjonctif :     Qu’il sorte !
  •  le mode infinitif :    Continuer tout droit.
  •  l’indicatif présent : Tu écoutes !
  •  l’indicatif futur simple :      Tu écouteras.
  • une tournure impersonnelle :         Il est interdit de se baigner.
  •  un verbe de volonté :     J’exige qu’il s’en aille.
  •  un verbe d’obligation : Vous devez arriver à l’heure.
  •  un nom, une interjection :   Halte ! Attention !

 

2.2. Les formes de phrases

2.2.1. La forme affirmative : L’action se fait. Exemple : le pêcheur rentre chez lui.

2.2.2. La forme négative : L’action ne se fait pas.   

Composez une phrase déclarative négative : Pour mettre une phrase à la forme négative, on emploie la locution adverbiale « ne … pas »,  Il existe d’autres adverbes de négation :

La forme négative : l’action ne se fait pas

                                                        Ne…….pas        

                                                       Ne…….rien    

                                                   Ne……jamais

La phrase affirmative+            Ne……plus                      = La phrase négative

                                                   Ne……point             

                                                   Ne…..personne

                                                   Ne…..guère

                                                   Ne…..plus

2.2.3. La phrase passive : Une phrase de forme passive est une phrase dans laquelle le sujet subit l'action du verbe principal au lieu de la faire. Elle s'oppose à la forme active de la phrase de base.

Seul un verbe transitif direct peut former une phrase passive.

On comprend mieux la phrase passive quand on la compare à la phrase active :

 

 

Phrases actives

Phrases passives

- L'homme conduit un autobus.

- Jean lit un livre.

 

- Un autobus est conduit par l'homme.

 - Un livre est lu par Jean.

 

  • La phrase de forme passive possède un groupe verbal dont le noyau est un verbe passif, formé du verbe être (est) et du participe passé du verbe actif (conduit, lu).
  •  Le verbe passif (est conduit, est lu) est souvent suivi d’un groupe prépositionnel formé par la préposition par et du groupe du nom qui fait l'action dans la phrase active (l'homme, Jean); cet élément est appelé complément d'agent.
  • Les deux dernières phrases sont passives puisque ce n'est pas l'autobus qui peut faire l'action de conduire. Ce n'est pas non plus le livre qui peut faire l'action de lire. C'est la raison pour laquelle on dit de ces verbes qu'ils sont passifs.

 

Comment effectuer une transformation passive?

  • Le complément direct de la phrase active doit devenir le sujet de la phrase passive.
  • Le verbe principal doit être mis à la forme passive (auxiliaire être suivi du participe passé du verbe).
  • Le sujet de la phrase active doit devenir le complément d'agent de la phrase passive.

Exemples :

Le coronavirus tu des dizaines de personnes en Chine. (phrase active)

Des dizaines de personnes sont tuées par le coronavirus en Chine. (Phrase passive)

2.2.4. La phrase emphatique :

La phrase emphatique est une phrase dans laquelle un élément est mis en relief, ce qui crée un effet d'insistance sur cet élément. Elle s'oppose à la forme neutre de la phrase de base.

  • Il existe trois façons principales de mettre l'accent sur un élément dans une phrase emphatique :
  • En utilisant un marqueur emphatique
  • En détachant et en reprenant un groupe de mots.
  • En détachant un groupe de mots précédemment annoncé par un pronom.

 

  • L'utilisation d'un marqueur emphatique

La phrase de forme emphatique peut contenir un groupe de mots mis en évidence à l’aide d’un marqueur emphatique (c’est… qui, c’est… que, ce qui… c’est, ce que… c’est, ce dont... c'est, ce à quoi... c'est, etc.).

 

  • C'est en forgeant qu'on devient forgeron.
  • Ce que je veux connaître, c'est la richesse des terres canadiennes.
  •  Ce qui me passionne, c'est danser.
  • Ce dont je veux te parler, c'est de notre projet de partir en vacances.
  • Ce à quoi je pense, c'est à faire un pique-nique.

 

  • Le détachement avec reprise du groupe détaché

 La phrase de forme emphatique peut être formulée par la reprise d'un mot ou d'un groupe de mots présent en tête de phrase et mis en évidence par un procédé de détachement.

  • Lui, je l'attends avec impatience demain.
  • Du thé, j'aime en boire souvent.
  • La lectureça me passionne.

       · Une virgule suit le groupe de mots que l'on veut mettre en évidence.

 

  • Le détachement avec annonce du groupe détaché par un pronom

La phrase de forme emphatique peut être formulée avec l'aide d'un pronom placé au début de la phrase dont on connaîtra le référent (le nom qu'il remplace) plus loin dans la phrase à l'intérieur d'un groupe nominal.

  • Elle tourne autour du Soleil, la Terre.
  •  Je la rencontre enfin ce soir, cette nouvelle employée.
  •  Ça me passionne, toutes ces histoires sur la création de l'Univers.

 

 · Une virgule précède le groupe de mots que l'on veut mettre en évidence.

 

2.2.5. La phrase impersonnelle :

La phrase impersonnelle se caractérise par l'emploi d'un verbe conjugué à la troisième personne du singulier et d'un pronom sujet il ne représentant rien ni personne. Elle s'oppose à la forme personnelle de la phrase de base.

Afin de transformer une phrase personnelle en phrase impersonnelle, il faut :

  • que le sujet de la phrase devienne le complément du verbe impersonnel;
  • que le sujet il impersonnel soit ajouté et que le verbe soit accordé à la troisième personne du singulier.

 Exemples:

         Des malchances arrivent à l'occasion./ Il arrive des malchances à l'occasion.

         Des oiseaux volent dans le ciel. / Il vole des oiseaux dans le ciel.

  • Pour faire une transformation à la forme impersonnelle, le verbe doit avoir un emploi personnel et aucun complément direct. Toutefois, quelques verbes de météorologie, employés dans un sens figuré, peuvent avoir un complément. Ex.: Il pleut des cordes.
  • Le sujet il impersonnel ne peut pas être remplacé par un autre sujet et ne peut pas être encadré par c'est...qui.
  •  Les phrases impersonnelles comportent souvent un verbe de météorologie (pleuvoir, neiger, tonner, etc.) ou les verbes falloir et s'agir.
  •  Il est possible de construire une phrase impersonnelle avec une locution ou une expression impersonnelle.

 Ex.: Il est question de, il est en de même pour, il se fait, il y va de , etc.

 Le groupe verbal de la phrase impersonnelle peut être construit de différentes façons:

Verbe seul

Il neige

Verbe + groupe nominal

Il faut du courage

Verbe + groupe adverbial

Il pleut beaucoup

Verbe + groupe prépositionnel

Il s’agit de vos enfants

Verbe + groupe verbal à l’infinitif

Il faut travailler

Verbe + pronom

Pronom + verbe

Il faut ceci

Il le faut

 

Verbe + subordonnée complétive

Il faut que j’aide mon père

 

Plusieurs types et formes de phrases peuvent être impersonnelles.

  • C'est durant le film qu'il est survenu un vol. (emphatique)
  • Il ne convient aucunement de faire ce choix. (négative)
  • Il a été dit bien des choses depuis son départ. (passive)
  •  Manque-t-il de l'argent pour entrer? (interrogative)
  •  Il me vient en tête un plan. (déclarative)
  •  Comme il neige! (exclamative)
Modifié le: Friday 21 February 2020, 10:37