- Les méthodologies d’enseignement-apprentissage des langues étrangères
Le maitre chargé de l’enseignement du F.L.E. pratique son métier, sa profession comme
tout autre codisciple. La différence réside en la prise de conscience de la dimension
d’étrangéité linguistique, systémique et culturelle. Pour parvenir à faire ce constat,
l’enseignement des langues étrangères est passé par plusieurs étapes qui se succèdent et
parfois s’entremêlent et qui se démarquent l’une de l’autre par l’adoption d’une
méthodologie distincte.
1-Les méthodologies traditionnelles
Elle fut mise en place afin de permettre l’enseignement-apprentissage des langues
anciennes en voie de disparussions à l’instar du grec et du latin. Son adoption pour
l’enseignement –apprentissage des langues étrangères met les langues mortes et celles
vivantes sur le même pied d’égalité ce qui engendre un nombre de difficultés
méthodologiques dont l’immersion provoque des tentatives d’innovation et génère des
variantes méthodologiques.
La méthodologie classique privilégiait la lecture de textes littéraires en langues
étrangères et leur traduction, marginalisant ainsi la compétence orale et les situations de
communication réelles. Les textes d’auteurs servaient de supports, donc de moyens
d’accéder à la connaissance, et de modèle à suivre et à imiter, donc de d’objectifs. Ils
furent pensés être le meilleur moyen d’accéder aux savoirs linguistiques et être un reflet
des situations réelles.
La grammaire s’enseignait de manière déductive. Selon Ana Rodriguez Seara, cette
façon de faire donna naissance à « un métalangage grammatical »[1] qui persiste encore
dans certaines classes ayant des enseignants trop attachés à leurs passé scolaire.
L’apprenant dans tout cela mémorisait les textes, les structures pour en produire par la
suite sur l’axe paradigmatique. Toute tentative d’épanouissement était vouée à la
condamnation.
En adoptant cette méthodologie, l’enseignant ne s’impliquait pas ni didactiquement ni
pédagogiquement. Sa seule implication concernait le choix des textes supports qui ne se
basait que sur l’appréciation subjective.
Par son savoir et son autorité, le maitre dominait les apprenants. Son travail préscolaire
portait sur la sélection des supports, des questions à poser et les réponses sensées être
données. L’évaluation effectuait était normée.
L’enseignement du F.L.E. ainsi que les autres langues étrangères se faisait par le biais de
la langue maternelle d’où son caractère artificiel. Au début du 19e siècle apparut une
nouvelle façon d’aborder les langues étrangères lors de leur enseignement. Elle consistait
en la fragmentation des textes cibles puis en la traduction de chacun des fragments sans
prendre l’unité sémantique, la cohérence et cohésion du texte en considération. « La
grammaire traduction » s’inscrit dans la méthodologie traditionnelle et n’est qu’un aspect
évolutif de cette dernière.
2- La méthodologie directe
Elle fut son apparition vers la fin du 19esiècle coexistant avec la méthodologie
traditionnelle. Il s’agit d’une nouvelle perception de l’enseignement –apprentissage des
langues étrangères.
F. Gouin, en analysant les difficultés renoncées chez les apprenants d’allemand, eut la
certitude que son apprentissage et la volonté de l’apprendre naissent d’un besoin de
communication avec les autres et d’un besoin de « …. Franchir les barrières
culturelles ».35 [2]Gouin remit en cause la méthodologie traditionnelle ne répondant pas aux
attentes des apprenants, de la société, des forces économiques et n’allant pas en paire avec
les changements survenus en cette période.
Elle est appelée directe parce que « En apprenant, ainsi, à l’élève à nommer directement
les choses qui l’entourent et les actions qu’il doit faire et au cours de cette étape, il
acquiert oralement les mots concrets »[3] 36. L’insistance sur le vocabulaire usuel et qui
marque un besoin immédiat de communication est vite évolué en un vocabulaire plus
complexe et même abstrait. L’oral, alors, occupe une place primordiale comparant à l’écrit
non complètement éliminé. Cette façon de procéder implique un développement de la
mémoire. Une compétence qui souvent fait défaut aux apprenants lors de ruptures scolaires
de longues durées à l’exemple des vacances d’été. L’usage permanent de la langue cible
ancre les structures grammaticales et les expressions linguistiques chez les apprenants, ce
qui réduit nettement le retour à l’enseignement explicite de la grammaire.
l’évolution de la problématisation du fait grammatical » De Andrew Smith.
L’enseignant, en adoptant cette méthode, devient seul détenteur du savoir en plus de son
autorité. Il décide de quel vocabulaire faire apprendre et de quelles structures faire
mémoriser. L’évaluation à laquelle il a recours ne concerne que la compétence de
mémorisation de tout ce qui se fait en classe.
I-1-3-La méthodologie active
De la méthodologie traditionnelle imprégnée par l’étude approfondie de la grammaire, à
la méthodologie directe l’enseignant implicitement, l’enseignement du français langue
étrangère avait besoin d’un équilibre entre les deux d’où la naissance de la méthodologie
active. Cette dernière vit le jour vers la deuxième décennie du siècle précédent.
Puren Christian affirme que « La caractéristique la plus apparente de la méthode active
est son éclectisme technique, qui ne modifie pas le noyau de la M.D. mais introduit dans
chacune de ses composantes un certain nombre de variations »[4].
Elle tente de créer un équilibre entre l’apprentissage mécanique et celui raisonné. Elle
tend à créer la motivation chez les apprenants et de la garder au sein de la classe. Le travail
du groupe est l’une des assises de cette méthodologie. Il est une source de motivation, de
création de situations diverses et de créativité.
L’enseignant se trouve alors des fois en train d’expliquer et de montrer les règles de
grammaire et d’autres fois à donner des exemples du bon usage et autres fois à corriger les
apprenants en difficultés.
4- La méthode audio-orale
En se référant sur les résultats de recherches en linguistique et en psychologie et en
s’appuyant sur la théorie behaviouriste, on donna naissance à la méthode audio-orale. Elle
met l’accent sur l’oral au dépond de l’écrit. Pour cela, il fallait dire, répéter des structures
afin d’en faire usage dans des situations de communication réelles.
La grammaire enseignée privilégie la forme. La substitution et l’addition permet de
former des phrases de plus en plus longues sans pertinences grammaticales. Aussi, on
insiste sur la transformation de phrases simples en phrases complexes.
L’enseignant, alors, ne fait que porter des jugements sur ce que les apprenants répètent et
la manière dont ils le font, mais rarement sur ce qu’ils produisent, acte n’ayant pas sa place
dans les classes de langues étrangères optant pour cette méthode.
5- La méthode audio-visuelle
A partir de 1960, l’image et le son sont devenus des moyens au service de
l’enseignement-apprentissage des langues étrangères. Sa mise en application pour la
première fois fut aux Etats Unis et plus précisément par l’armé de ce pays. Par le temps, on
la transplanta dans les instituts scolaires en raison de sa réussite et de son efficacité.
A la suite de la deuxième guerre mondiale, un besoin croissant d’apprendre les langues
étrangères s’imposa ce qui donne lieu à une focalisation sur leurs didactique d’où
l’émergence de la méthode audio-orale et audio-visuelle. Elles se basent sur la prise de la
parole en des situations créées pour cette raison. Ces situations se présentent sous forme de
dialogues enregistrés (en cas de la première) et de vidéos (en cas de la deuxième) Donc, on
s’intéresse plus à la communication et moins à la grammaire qui s’enseigne de manière
implicite et inductive. La mémorisation des leçons des expressions et des textes proposés
permet d’acquérir l’usage grammatical.
Elle favorise aussi que la précédente l’enseignement-apprentissage de l’oral au dépond de
l’écrit et les situations proposées sont artificielles et provisoires.
La méthode audiovisuelle et la méthode audio- orale se fondent sur le behaviourisme,
donc sur l’acquisition d’habitudes verbales comme si la personne agit verbalement de la
même façon face à des situations similaires.
6- L’approche communicative
L’approche communicative fut son apparition dans les allants tours des années 70.Son
avènement correspond à l’évolution de « la communication »et à la compétence de la
communication et leurs introduction dans la didactique. Bien qu’elle soit une continuité et
une évolution de la méthode audio-orale, et celle audiovisuelle, elle se distingue par son
objectif « faire apprendre à apprendre ».
Non comme les méthodologies précédentes se basant sur la théorie mécaniste, celle-ci a
pour fondement la linguistique de l’énonciation, l’analyse du discours, la pragmatique, la
grammaire textuelle, ….
De nouvels facteurs, omis au paravent, sont pris en considération dans le processus
enseignement –apprentissage tel que le facteur socio-culturel et le facteur psychologique.
Cette approche s’appuie sur « la compétence communicative » apte à être décortiquée en
sous compétences dont nous citons les suivantes :
*Compétence linguistique ;
*Compétence sociolinguistique ;
*Compétence paradigmatique ;
*Compétence discursive ;
*Compétence stratégique ;
Ses principes sont :
*Considérer la langue comme moyen de communication
*Faire apprendre les variantes d’une langue,
*Réhabiliter l’écrit,
*privilégier le sens,
*Faire acquérir un savoir-faire et un savoir être,
*Axés l’apprentissage sur les composantes de la compétence communicative,
La grammaire est enseignée implicitement à l’exception de quelques éléments portant
sur les formes abordées dont l’étude se fait dans une perspective notionnelle.
L’enseignant dans ce cas, se réfère à des documents authentiques. Son rôle consiste à
choisir ses documents supports .Il est appelé à guider les apprenants et à leur faire acquérir
des savoirs, des savoir-faire, et des savoir être. Tout l’enseignement-apprentissage se
centre sur l’acquisition d’une compétence de communication en diverses et multiples
situations.
Plus récemment les méthodologies interculturelles prennent de force à s’imposent
comme moyen de préparation à ce qui est nommé « la globalisation ». Elles consistent à
faire apprendre une ou plusieurs langues étrangères dans le but de créer des contacts avec
leurs locuteurs et de préparer l’individu à les accepter ainsi que leurs cultures.
[1] Sara Rodriguez Seara, « L’évolution Des Méthodologies d’Enseignement du FLE.depuis la méthodologie traditionnelle jusqu’à nos jours »
[2] Sara Rodriguez Seara,« L’évolution Des Méthodologies d’Enseignement du FLE. depuis la méthodologie
traditionnelle jusqu’à nos jours »
[3] Jean Pierre Cuq et Isabelle Gruca ; « Cours de didactique du français »2002, In « Les méthodologies et
[4] Puren Christian, « Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues » Paris, Nathan, In C.L.E. INTERNATIONAL. P 221