2. Problématisation du sujet et question de recherche

Définition d'une problématique :

Contrairement à certaines idées courantes, la problématique ne consiste pas uniquement à poser une ou plusieurs questions, lesquelles constituent une étape importante dans la constitution et la problématisation d'un sujet. Problématiser un sujet, c'est le complexifier : un phénomène apparemment simple est en réalité une articulation de problèmes interdépendants. Le signe d'un problème, c'est l'embarras qu'il suscite, où ne peut répondre immédiatement par oui ou par non, qui peut renvoyer à la notion d'aporie (du grec aporia : difficulté) qui est une contradiction insoluble dans un raisonnement, qu'il faut alors mettre en évidence. Problématiser un sujet c'est le questionner à partir de plusieurs savoirs disciplinaires, c'est établir des rapports entre causes et conséquences, des relations de causes à effet. C'est se mettre en position de chercheur. (Réflexions, enquêtes, interrogations, dans la durée, etc.). Le questionnement renvoie alors le plus souvent à une ou plusieurs questions sous-jacentes, qui seules permettent de répondre à la question initiale. Il nous a paru utile de rappeler la définition d'une problématique que nous illustrons par ces deux citations : Une problématique est « un ensemble de problèmes qui orientent la recherche et un corps de concepts qui directement ou indirectement débouchent sur des hypothèses rendant compte d'un contenu riche de conflits ». GRAWITZ Madeleine, 1998, Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris. « La problématique, c'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet choisi » BEAUD Michel, 1998, L'art de la thèse, Éditions La découverte, Paris. En partant du choix de sujet et de la thématique, essayez d'être plus spécifique : À quelle question voulez-vous répondre ? Il faut commencer avec une question assez générale, assez large. Mais pour développer cette question et mieux expliquer son sens, il vous sera nécessaire d'expliquer le contexte dans lequel la question se pose. Ceci vous amènera peut-être à définir les concepts fondamentaux que vous allez utiliser (définition au sens restreint : que désignent ces termes ? sans nécessairement décliner toutes les propriétés associées à ces termes). Vous n'entrez pas dans les détails des débats sur ces concepts : vous dites ce que VOUS entendez par tel terme, sans avoir à discuter des acceptations alternatives pour le moment. En développant votre question, vous allez montrer ses liens avec d'autres questions, et cela vous permet d'en arriver à une question plus spécifique, plus circonscrite.

En exécutant la démarche précédente, vous allez mentionner quelques auteurs fondamentaux pour votre question : ceux dont vous avez pris les définitions, ainsi que ceux qui vous ont inspiré les idées fondamentales sur lesquelles vous vous appuyez. Il ne s'agit pas d'une revue de littérature : cela viendra plus tard. Il s'agit de mentionner quelques références fondamentales, et c'est à cela que le terme ‘orientation théorique' correspond.

On peut dire qu'il n'y a pas de bonne recherche sans bonne problématique. C'est une étape essentielle de la rédiger et de la soumettre à la sagacité de votre directeur de mémoire. Évidemment la problématique évolue, mûrit, au fur et à mesure qu'avance la préparation de votre mémoire. Au moment du choix du sujet (problématique provisoire), ce n'est qu'une esquisse, une ébauche. Mais elle doit déjà, après le travail de débroussaillage/dégrossissage, guidée par votre directeur de recherche, être solide, claire, assurée : c'est ce qu'on appelle la problématique I qui permet d'organiser le plan de travail. Plan indispensable, qui permettra de centrer utilement le travail de recherche, et évitera de vous égarer sur des pistes inutiles.

Ensuite au fur et à mesure que progresse votre recherche, vos idées se clarifient, vos hypothèses se précisent, vos analyses s'affirment : bref votre problématique mûrit et s'affine.

Au terme de votre recherche, vous serez en mesure de rédiger une nouvelle version de votre problématique : ce qu'on appelle Problématique II, qui vous permettra de construire le raisonnement qui sous-tendra votre plan de rédaction, et qui devra être partie intégrante de l'introduction générale de votre mémoire. Cette problématique II qui doit obtenir l'approbation de votre directeur de recherche, doit comprendre :

  • La question principale, reformulée de manière plus claire et plus complète qu'au départ.
  • L'idée directrice qui doit répondre à cette question et va sous-tendre l'ensemble du déroulement du mémoire.
  • L'ébauche du raisonnement à travers laquelle sera développée, étayée, démontrée cette idée directrice, et qui va justifier le choix et la succession des parties, dont chacune doit être portée par une idée force.
  • Le plan de rédaction avec une première mise en place des parties et des chapitres, le plus souvent avec des titres provisoires, indicatifs, qui pourront être au fur et à mesure reformulés.