1. DEFINITION ET HISTORIQUE DE LA DIGLOSSIE

La notion de diglossie (du grec ancien diglottos, signifiant bilingue) est un concept sociolinguistique développé par FERGUSON(1959) pour décrire toute situation dans laquelle deux variétés d’une même langue sont employées dans des domaines complémentaires, l’une de ces variétés étant généralement de statut socialement supérieur à l’autre.

Dans un sens large, la diglossie existe dans toutes les sociétés où l’usage quotidien diffère sensiblement de la norme officielle, il faut que chaque variété soit utilisées de manière systématique : par exemple, une variété est employée dans les domaines formelles, comme l’administration, la religion la poésie, alors que l’autre est réservée à la conversation courante, aux discussions informelles, à la correspondance non officielle. FERGUSSON qualifie ces deux variétés l’une haute et l’autre basse.

Exemple :

Le monde arabe : l’arabe classique et l’arabe dialectal. La variété basse est généralement la langue maternelle, son acquisition se fait par l’usage, donc au sein de la famille. La variété haute s’apprend à l’école.

Le terme de diglossie a été étendu par FISHMAN (1967) à l’usage complémentaire institutionnalisé de deux langues distinctes dans une communauté donnée. Cette situation de diglossie se caractérise par un certain nombre de traits :

-        La fonction : la fonction des deux variétés H et B n’est pas la même, il y a répartition de chacune d’entre elles selon les situations de communication.

-        La notion de prestige, on se place ici au niveau de l’attitude des locuteurs qui ont tendance à qualifier H de supérieure de plus belle, de plus logique, de plus apte à exprimer les pensées importantes. Ils affirment aussi qu’ils préfèrent entendre un discours politique dans cette variété. La variété B est considérée comme étant inférieure, incapable d’exprimer un discours littéraire.

-        La standardisation constituée par la moyenne des usages des locuteurs, ex : le français standard constitue la norme.

-        La stabilité : la situation de diglossie est passagère, soumise à l’évolution. Le rapport entre une langue H et une langue L est ponctuel, éphémère, susceptible d’évolution.

La situation de diglossie se caractérise par la stabilité, elle peut durer plusieurs siècles. S’il y a évolution c’est par l’intermédiaire d’une forme de langue intermédiaire qui ne remet pas en cause véritablement le rapport entre H et L, comme par exemple l’arabe classique et l’arabe dialectal. Le concept de diglossie a été étendu par GUMPERZ (1971) aux sociétés multilingues, dans le sens où celles- ci peuvent utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans des domaines et des fonctions complémentaires, comme l’Inde, qui a deux langues officielles, hautes : le hindi et l’anglais en plus des langues régionales.