3. CRISE DE LA LINGUISTIQUE STRUCTURALE

3.1. La langue chez Saussure

Selon Saussure « La langue n’est pas une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre passivement » (p.30), « elle est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu par son pouvoir coercitif : elle est le produit que l’individu enregistre passivement (p. 30), « et il ne peut à lui seul ni la créer ni la modifier » (p.31)

 

     La langue a donc une double caractéristique :

  1.  Une existence extérieure à l’individu, elle existe dans les cerveaux d’un ensemble d’individus, car la langue n’est complète dans aucun, elle n’existe parfaitement que dans la masse.
  2. Une intériorisation pour chaque individu : « quelque chose qui est dans chacun d’eux tout en étant commun à tous et placé en dehors de la volonté des dépositaires » (p.38)

 

On peut dire qu’à ce niveau d’analyse, Saussure arrache la langue à l’étude des faits de nature en la rattachant à la sociologie : « la langue est classable parmi les faits humains ». La langue n’est pas seulement une représentation collective, elle est une véritable institution sociale, système de signes exprimant des idées. Or la sociolinguistique considère que l’objet de son étude ne doit pas être simplement la langue, système de signes, ou la compétence, système de règles. L’opposition langue/parole ou compétence/performance implique que dans le champ d’investigation du linguiste, seule la langue (ou la compétence) constitue un système fermé. Il faut donc dépasser cette opposition car elle fournit un cadre trop étroit pour l’étude de problèmes linguistiques importants comme l’utilisation du langage dans son contexte socioculturel. (Hymes, dès 1972, développe le concept de compétence de communication : pour communiquer, il ne suffit pas de connaître la langue, le système linguistique ; il faut également savoir comment s’en servir en fonction du contexte social).