Sociolinguistique

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Cours: sociolinguistique
Livre: Sociolinguistique
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Date: Saturday 23 November 2024, 19:37

Description

Des cours sur : INTRODUCTION A LA SOCIOLINGUISTIQUE

1. LIMITES ET CHEVAUCHEMENT AVEC LA LINGUISTIQUE

Il y a une différence flagrante entre la linguistique et la sociolinguistique

1.1. Sociolinguistique

  •  Considère la langue comme une production/ un acte social ;
  •  s’intéresse principalement à l’interaction entre la société (au sens large) et les langues/identités, des rapports sociaux à travers études des normes, études de la variation, les facteurs sociaux expliquant cette variation (géographique, ethnique, sociale, etc.), productions linguistiques : études des politiques linguistiques, des rapports

1.2. Linguistique

  •  Décrit la langue comme un système autonome ;
  •  S’intéresse principalement à la description du système, au développement dit interne.

2. BREF APERÇU HISTORIQUE DE LA SOCIOLINGUISTIQUE

La sociolinguistique comme discipline constituée s’est élaborée dans les années 1960 aux USA autour d’un groupe de chercheurs (Dell Hymes, Fishman, Gumperz, Labov, Ferguson, etc.). Leur approche peut se résumer comme suit « Etudier qui parle quoi, comment où et à qui » (FISHMAN, 1971). Les rapports sociaux entre les individus deviennent centraux, la sociolinguistique s’est constituée en opposition plus ou moins marquée avec le structuralisme.

A partir de la fin des années soixante, la sociolinguistique devient un champ important, actif qui a beaucoup apporté au renouvellement de nos catégories en particulier grâce au domaine de la linguistique de contact. Les langues qui étaient perçues comme des systèmes autonomes vont de plus en plus être perçues comme des systèmes fluides, variables, etc. Mais comme toute discipline, la sociolinguistique a eu également tendance à se fragmenter en de multiples sous domaines. Parmi les grandes tendances actuelles:

 

  •         Tous les travaux relevant de la sociologie du langage où l’accent est surtout mis sur les groupes sociaux, les politiques linguistiques etc. et où la description des faits linguistiques est relativement marginale.

 

  •       La linguistique variationiste, tendance LABOV, qui reste dans une conception systémique du langage même si considère que la variation est le moteur de l’évolution linguistique. Cette branche s’attache principalement à l’étude des variantes sociales à l’intérieur de ces systèmes.

 

  •         Le domaine de la pragmatique, sociolinguistique interactionnelle, les actes du discours etc. où l’on va montrer dans des études plutôt micro comment les locuteurs jouent, se positionnent sur les différents registres/variétés de langue.

 

  •        plus récemment et principalement en France, une sociolinguistique urbaine (Bulot, Calvet) qui ne prend pas simplement la ville comme cadre, mais qui s’interroge sur l’interaction entre ville et pratiques langagières, sur l’urbanité des faits linguistiques.

 

  •      Tout le domaine du contact de langue qui a connu un essor très important depuis des années et qui regroupe des approches très différentes.

 

La sociolinguistique a affaire à des phénomènes très variés : les fonctions et les usages du langage dans la société, la maîtrise de la langue, l’analyse du discours, les jugements que les communautés linguistiques portent sur leur(s) langue(s), la planification et la standardisation linguistiques. Elle s’est donnée pour tâche de décrire les différentes variétés qui coexistent au sein d’une communauté linguistique en les mettant en rapport avec les structures sociales, aujourd’hui, elle englobe pratiquement tout ce qui est étude du langage dans son contexte socioculturel.

 

3. CRISE DE LA LINGUISTIQUE STRUCTURALE

Elle s’est développée en isolant dans la totalité du langage un objet censé être homogène, la langue en l’étudiant indépendamment de ses réalisations à l’ensemble de la réalité extralinguistique et elle a mis en place un ensemble de concepts méthodologiques et descriptifs. Cet ensemble de concepts a permis le développement d’une linguistique descriptive structurale synchronique centrée sur la phonologie, la syntaxe, la fonction des éléments et leur distribution. En effet, de nombreux reproches ont été faits contre la linguistique structurale, certains linguistes parlent de crise de la linguistique, en affirmant qu’elle est incapable d’intégrer de manière satisfaisante la variation et de répondre aux questions de la place et du rôle des phénomènes langagiers dans la société d’où la remise en cause de certains concepts ( la langue, le signe linguistique, la communication.)

 

3.1. La langue chez Saussure

Selon Saussure « La langue n’est pas une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre passivement » (p.30), « elle est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu par son pouvoir coercitif : elle est le produit que l’individu enregistre passivement (p. 30), « et il ne peut à lui seul ni la créer ni la modifier » (p.31)

 

     La langue a donc une double caractéristique :

  1.  Une existence extérieure à l’individu, elle existe dans les cerveaux d’un ensemble d’individus, car la langue n’est complète dans aucun, elle n’existe parfaitement que dans la masse.
  2. Une intériorisation pour chaque individu : « quelque chose qui est dans chacun d’eux tout en étant commun à tous et placé en dehors de la volonté des dépositaires » (p.38)

 

On peut dire qu’à ce niveau d’analyse, Saussure arrache la langue à l’étude des faits de nature en la rattachant à la sociologie : « la langue est classable parmi les faits humains ». La langue n’est pas seulement une représentation collective, elle est une véritable institution sociale, système de signes exprimant des idées. Or la sociolinguistique considère que l’objet de son étude ne doit pas être simplement la langue, système de signes, ou la compétence, système de règles. L’opposition langue/parole ou compétence/performance implique que dans le champ d’investigation du linguiste, seule la langue (ou la compétence) constitue un système fermé. Il faut donc dépasser cette opposition car elle fournit un cadre trop étroit pour l’étude de problèmes linguistiques importants comme l’utilisation du langage dans son contexte socioculturel. (Hymes, dès 1972, développe le concept de compétence de communication : pour communiquer, il ne suffit pas de connaître la langue, le système linguistique ; il faut également savoir comment s’en servir en fonction du contexte social).

3.2. Le signe linguistique

Les théories linguistiques définissent toutes un objet réduit par rapport à l’usage qui est fait d’une langue. Elles rejettent hors du champ les aspects para-verbaux (liés à la voix) et non verbaux (présence physique et gestuelle) qui accompagnent la parole, la variation des usages en fonction des facteurs individuels socio-situationnels. La linguistique moderne va prendre en charge ces facteurs externes car l’analyse et la description des situations linguistiques diverses ont montré qu’un grand nombre de ces facteurs externes pouvaient intervenir dans la communication dans une langue donnée. On peut retenir les facteurs géographiques (régionaux, typographiques), des facteurs sociaux (appartenance à un groupe social, professionnel, religieux, à une classe d’âge, sexe…

3.3. Le schéma de la communication

La critique peut être résumée comme suit :

        Nécessité de prendre en compte la situation de communication et l’ensemble des éléments

  • extralinguistiques qui entourent nécessairement tout échange a aussi conduit à réviser le schéma de la communication. La situation est considérée comme un élément qui conditionne l’échange.

 

  •       Relation émetteur/ récepteur : Le nouveau schéma de la communication qui intègre la situation et se définit comme l’action qu’exerce l’un sur l’autre des partenaires de l’échange obligent à reconsidérer le statut de l’émetteur et du récepteur.

4. CONCLUSION

On peut donc conclure que la sociolinguistique est née à partir de l’existence de deux facteurs concomitants :

  •      un état de connaissances : mise en question des grammaires formelles, réintégration des données sémantiques, appel à l’interaction sociale comme donnée de la communication.

 

  •    un état de fait : existence de problèmes linguistiques qui intéressent la vie sociale de certaines communautés.

 

C’est cette dualité radicale du langage, à la fois intégralement formel et intégralement traversé par des enjeux subjectifs et sociaux qui fait l’objet de la sociolinguistique