Initiation à la traduction

Les approches linguistiques

Le développement de la traductologie au cours du XXe siècle est pratiquement indissociable de celui de la linguistique. En effet, la traduction a beaucoup intéressé les linguistes qui lui ont appliqué différentes approches théoriques qui se sont succédées au cours du siècle : le structuralisme, le générativisme, fonctionnalisme, linguistique formelle, énonciative, textuelle, sociolinguistique, etc. chaque est parti de ses propres concepts pour appréhender le phénomène traductionnel malgré sa complexité. En revanche, certaines approches ont été plus convaincantes que d'autres pace qu'elles ont traité des aspects essentiels de l'activité traductionnelle. Il faut signaler aussi le rôle moteur qu'a joué la linguistique dans le développement de la traductologie malgré les différences qui caractérisent ces deux disciplines jumelles. Garnier (1985 : 33) souligne les contributions de la linguistique dans la traduction : « toute opération de traduction comporte, à la base, une séries d'analyses et d'opérations qui relèvent spécifiquement de la linguistique ».

Les approches linguistiques sont les suivantes :

L'approche « stylistique comparée »

La Stylistique comparée du français et de l'anglais (1958) de Vinay et Darbelnet est l'un des ouvrages qui ont marqué les études en traduction. Dans cet ouvrage, les deux auteurs revendiquent le rattachement de la traductologie à la linguistique. L'objectif des deux auteurs est de « « dégager une théorie de la traduction reposant à la fois sur la structure linguistique et sur la psychologie des sujets parlants » » (Idem, 1958 : 26). A partir d'exemples, ils procèdent à l'étude des attitudes mentales, sociales et culturelles qui donnent lieu à des procédés de traduction. Afin d'établir ces procédés, les deux auteurs procèdent à l'application de critères qui leur permettent de distinguer sept procédés techniques(l'emprunt, le calque, la traduction littérale[1], la transposition, la modulation, l'équivalence, et l'adaptation).

L'approche « linguistique théorique »

Dans les problèmes théoriques de la traduction (1963), Georges Mounin consacre la linguistique comme cadre conceptuel de référence pour la traduction. Le point de départ de sa réflexion est que la traduction est « « un contact de langues, un fait de bilinguisme[2] » » (Mounin 1963 : 10). Son souci premier était aussi la scientificité de la discipline.

L'objectif de Mounin est de faire accéder la traductologie au rang de « science » mais il ne voit pas d'autres possibilités que de passer par la linguistique. C'est pourquoi « il revendique pour l'étude scientifique de la traduction le droit de devenir une branche de la linguistique » (Mounin 1976 : 273).

La question de l'intraduisibilité occupe une place importante dans la réflexion de Mounin. Selon lui, « « la traduction n'est pas toujours possible » » (Idem 1963 : 273).

L'approche « linguistique appliquée »

La linguistique appliquée est une branche de la linguistique qui s'intéresse davantage aux applications pratiques de la langue qu'aux théories générales sur le langage. Pendant longtemps, la traduction a été perçue comme une chasse gardée de la linguistique appliquée. Dans cette approche, représentée notamment par Catford (1965), l'objectif est d'étudier les « processus de traduction » en ayant recours à la linguistique appliquée tout en rattachant l'étude de la traductologie à la linguistique comparée.

L'approche « sociolinguistique »

La sociolinguistique étudie la langue dans son contexte social à partir du langage concret. Apparue dans les années 1960 aux Etats-Unis sous l'impulsion de Labov, Gumperz et Hymes, elle bénéficié de l'apport de la sociologie pour l'étude du langage. Parmi ses centres d'intérêt, on trouve les différences socioculturelles et l'analyses des interactions, mais aussi les politiques linguistiques et l'économie de la traduction ; bref, tout ce qui a trait au traducteur et à l'activité de traduction dans son contexte social.

Cette approche, représentée par Pergnier (1978), souligne l'intérêt et les limites de l'approche linguistique.

  1. traduction littérale

    traduire mot à mot

  2. bilinguisme

    la coexistence de deux langues officielles dans un même état

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