Les signifiants français viennent, pour la plupart, du latin et, dans une moindre mesure, du grec mais également d’emprunts faits à différentes langues étrangères. La création de termes varie selon les époques et les domaines mais elle obéit toujours à des règles de formation précises. On ne crée pas des mots de façon anarchique.

 

Comment peut-on créer de nouveaux mots ?

1. Utiliser les ressources existantes et étendre le sens

2. Combiner les ressources existantes: affixation, composition, abréviation

3. Utiliser des ressources d’autres langues (emprunts)

4. Créer des mots entièrement nouveaux

  1. Utiliser les ressources existantes et étendre le sens

 

A. Extension du sens

On donne un sens nouveau à un mot du lexique (général ou de spécialité)

Ce procédé ajoute de la polysémie à la langue, il consiste à donner à un mot un autre sens en fonction d’une comparaison implicite : (métaphore)

Exemples :

De la langue générale à la langue de spécialité: tête, pied, bras (dans le domaine du mobilier) souris, fenêtre (informatique), etc.

D’un domaine de spécialité à l’autre : virus (médecine               informatique).

 

B. Conversion (ou dérivation libre)

On prend un mot et on change sa catégorie grammaticale    (substantif                       adjectif;           

adjectif             substantif)

Ex: un portable, un compact, un mobile

Un travail monstre, une rencontre éclair, une fille canon (superbe)

 

  1. Combiner les ressources existantes: dérivation, composition, abréviation

 

  1. Dérivation :

 

La dérivation consiste à ajouter un morphème supplémentaire : un affixe au début (préfixe) ou à lafin (suffixe) d’un mot sur une base (ou radical).

 

a) Les préfixes

Ils sont porteurs de sens. On peut les classer en différentes catégories:

absence ( a-, dé-…),action inverse (dé-, anti- …) ,position ou mouvement dans l’espace et dans le temps intra-, in-, en- …/ anté-, ex-,pré-,post- …), quantité (archi-, hyper-, sous…), association (con- …), hiérarchie (sous-, sub-…), etc.

 

 

  • Plusieurs préfixes peuvent exprimer le même sens (synonymie)

 

Exemples : sur : super- ………………….., épi- ……………………., sur- ………………………….

moitié : mi- : …………….. hémi- : …………………, semi-………………, demi- :………………….

(C’est l’usage qui impose l’un ou l’autre des suffixes)

 

  • Un même préfixe peut exprimer plusieurs sens (homonymie)

 

Exemple : dé- (ou dis-, dé-)

 

= séparé de, éloigner (ex : …………………..)

= privation (ex : …………………….)

= action inverse (ex: ……………………)

b) Les suffixes : ils changent la catégorie grammaticale et sont indicatifs de sens.

 

Quelques exemples :

 

Suffixes formant des noms

- à partir d’un verbe : nettoyer + -age (action) = ……………………………

- à partir d’un adjectif : anonyme + -at (qualité) = ………………………..

- à partir d’un nom : veuve + -age (état) = …………………………….

 

Suffixes formant des adjectifs

- à partir d’un nom : université + -aire (qualité) = …………………………..

- à partir d’un verbe : lire + -ible (propre à) = ………………………….

- à partir d’un adjectif : continu + -el (qualité) = …………………………

 

Suffixes formant des verbes

- à partir d’un nom : mouche + -ter (diminutif) = ……………………………..

- à partir d’un verbe : rêver + -asser (péjoratif) = ……………………………

- à partir d’un adjectif : solide + -ifier (factitif) = ……………………………

 

On forme les nouveaux verbes surtout avec le suffixe –er (ex : surfer, zapper..). Les verbes en -ir sont le plus souvent dérivés d’adjectifs (ex : noircir, rougir..).

 

c) La dérivés parasynthétiques

La dérivation parasynthétique consiste à construire des mots simultanément avec préfixe et suffixe.

Ex : lune           alunir (la forme ayant seulement le préfixe a-lune ou le suffixe lun-ir n’existe pas)

 

Exemple :

Préfixes ( a- ; é- ; em-/en-) + adjectif + suffixe formant un verbe (donner l’idée de « rendre » ou de «devenir » à un adjectif)

 

Exemples :

beau                        …………………………

clair                        …………………………

doux                       …………………………

  1. Composition

Procédé de formation de mots par combinaison de bases. Elle crée surtout des substantifs.

a)      Composition populaire/ composition savante

 

-          Composition populaire

Exemples : ouvre-boîte, table (ou planche) à repasser), lave-vaisselle

- Schéma de composition variable :

N+N : chou-fleur, timbre-poste…

N+adj. : état civil, cordon bleu…

Adj. +adj. : chaud-froid, aigre-doux…

Verbe+nom : vide-ordures, cache-nez…

Verbe+ verbe : savoir-faire, laisser-aller, ouï-dire…

Pron. +verbe : on-dit, rendez-vous

Prép. +nom : après-midi, sans-gêne

 

-           Composition savante :

 

Deux possibilités :

 

- emprunt direct au grec ou au latin. Ex : géographie, philosophie, misanthrope, philanthrope

- mots formés à partir de bases grecques ou latines non autonomes en français. Ex : monoplace,anthropologue …

 

b) Mots composés à forme simple /à forme composée

 

Quatre possibilités :

 

- forme simple (soudée) : gendarme, vinaigre, pourboire, portefeuille

- mots reliés par un trait d’union : sèche-cheveux, porte-monnaie, arc-en-ciel

- absence de lien graphique : petit four, maison close

- présence d’une préposition : machine à laver, pomme de terre, tasse à thé, chemin de fer

 

C. L’abréviation

 

a) troncation : en progression constante en néologie

- on tronque le début du mot : aphérèse (assez rare) : (ca)pitaine, (auto)bus, auto(car),

(amé)ricain, (pro)blème, (mu)zique

- on tronque la fin du mot : apocope (plus fréquente) : promotion (…………..), faculté (…………..), restaurant universitaire (……………...), imperméable (…………..), vélocipède (…………..)

Les mots ayant une syllabe en –o sont prononcés jusqu’à cette syllabe : ado(lescent),

chimio(thérapie), écolo(giste),…

D’autres termes sont tronqués puis suffixés en -o : apéro (……………………..), facho (……………………..), prolo (……………………..), proprio (……………………..)

Les mots qui n’ont aucune syllabe en –o sont abrégés au hasard : appart’, champ’, consulte,

clim, compile

 

Les mots propres sont également concernés : L’Huma(nité) ; Libé(ration), Sarko(zy), un Nes(café) surtout dans la langue orale (argotique, familière, standard) ou de spécialité.

 

La fréquence des abréviations peut être source de confusion : perf = performance, perfusion,

perfectionnement

 

b) troncation + composition = mots valise

En principe, le mot créé conserve un élément commun aux deux bases.

 

 

Exemples : informa(tion)+ (auto)matique                    ………………………….

photocopi(e) + pillage                                       ………………………..

Toutefois, certains lexicologues et terminologues incluent aussi différentes typologies de ce

phénomène :

 

apocope + aphérèse : camera+magnétoscope= …………………………….

apocope+ apocope : modulateur+démodulateur= ……………………….

aphérèse+ aphérèse : vinyle+coton= ………………………

apocope+mot simple : publicité + postage= publipostage, téléphone+carte= télécarte, rural+urbain=

rurbain

mot simple + aphérèse : bureau+informatique = ………………………

 

c)siglaison

 

Le sigle (épelé): d’origine très ancienne (connu des Hébreux et des Romains). Se développe surtoutdepuis 1945 en raison du développement de la technologie et de la complexité des administrations.

L’acronyme (se prononce comme un mot). Il inclut parfois une syllabe complète du mot pour

pouvoir être prononcé comme un mot.

Ex : Benelux (Belgique Nederland Luxembourg), Courly (Communauté urbaine de Lyon)

Les sigles et acronymes peuvent produire des dérivés :

Ex : ENA (Ecole Nationale d’Administration) : énarque, énarchie

SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) : smicard

 

 

  1. Utiliser des ressources d’autres langues (emprunts)

 

Emprunt = procédé par lequel une langue incorpore un élément d’une autre langue. C’est donc un phénomène de langues en contact. Ce mouvement de transfert pose des problèmes de fixation, d’intégration et d’assimilation.

 

Les causes de l’emprunt :

 

« En règle générale, l’énonciateur qui emprunte un mot étranger le fait parce que, à tort ou à raison, il a le sentiment qu’aucun mot de sa propre langue ne peut désigner le référent dont il veut parler »

 

- emprunt nécessaire (qui n’a pas d’équivalent en français) ex. : polder

- emprunt de « luxe » (désigne des pratiques et des objets utilisés en France comme ailleurs) : ex.

marketing

 

  1. Créer des mots entièrement nouveaux

 

Le nombre des onomatopées (mots ou termes dont la forme suggère la chose désignée) est très réduit.

 

Ex : rappelez après le bip sonore (verbe biper)

       Une partie de ping-pong (emprunté de l’anglais)

                                                                                                              

Modifié le: Tuesday 18 May 2021, 05:31