Cours-Emprunts et calques

1. Cours-Emprunts et calques

Il y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne possédait pas ; l’unité ou le trait empruntés sont eux-mêmes qualifiés d’emprunts. L’emprunt est le phénomène sociolinguistique le plus important dans tous les contacts de langues (…). Il est nécessairement lié au prestige dont jouit une langue ou le peuple qui la parle (mélioration), ou bien au mépris dans lequel on tient l'un ou l'autre (péjoration). (Dictionnaire de Linguistique, Larousse ).

Ainsi, par exemple, le français s’est forgé une grande partie de son lexique de médecine, de philosophie et de technologie à partir des racines grecques. Selon le Larousse de Linguistique, le vocabulaire politique s'est développé, au milieu du XVIIIe siècle, à partir de l’anglais, dans les milieux anglophiles ; de même, une partie du lexique anglais des sports s’est introduite en France à la fin du XIXe siècle par les milieux aristocratiques, qui firent pénétrer aussi les mots du turf. Dans le domaine économique et commercial, on importe souvent d’un pays étranger le mot avec la chose. En sens inverse, l’emprunt peut avoir une valeur péjorative comme pour les mots arabes barda, bled ou smalah.

L’emprunt peut connaitre divers degrés d’intégration par une langue :

Intégration morphologique : Si la structure morphosyntaxique a été modifiée lors du passage du mot de la langue source vers la langue cible, on considère que ce dernier est intégré morphologiquement, adapté aux règles grammaticales de la langue d’accueil :   Recyclage qui donne رسكلة.

Intégration phonétique : Adaptation au phonétisme de la langue d’accueil, par exemple en remplaçant quelques sons de la langue A par des sons plus proches dans la langue B :  

Costume qui donne كوستيم/ة

Chauffeur qui donne شيفور

Valise qui donne فليزا/ة

Intégration sémantique :

- Le sens du mot de la langue A est préservé dans la  langue B :  

    كيف كيف qui donne kif kif

- Le sens du mot de la langue A est altéré dans la  langue B :  

  cuisine qui donne takuzint en kabyle   (cuisine ; cuisinière)

L’emprunt peut être :

- Interne : Emprunt fait dans la même langue d’un domaine à l’autre (menu a été emprunté par l’informatique a la restauration), ou par passage d’une langue scientifique à la langue commune (complexe passe de la psychanalyse à la langue générale). 

- Externe ou extension de sens : Modification du sens d’un mot qui, par suite de divers emplois, acquiert une plus grande polysémie. Ainsi, bureau qui désignait une étoffe (de bure), puis l’étoffe qui recouvrait un meuble, puis ce meuble, puis la pièce ou était ce meuble, puis le service ou l’administration qui est dans cette pièce. 

On parle de calque lorsque l’on donne un nouveau contenu à une forme qui existe déjà dans la langue, en raison de l’influence d’une autre langue. Les calques peuvent être sémantiques (par analogie formelle ou par traduction) ou morphologiques (Thibault, https://www.dropbox.com/s/hizxhg5l2wz2uvp/Concepts%20de%20base%20-%20contacts%20linguistiques.pdf?dl=0).

Calque par analogie formelle :

  anglais paper n. « article de journal » qui donne   français papier n. m. « article de journal ». 

Calque par traduction :

  anglais mouse n. « périphérique d’ordinateur » qui   donne français souris ; arabe فأرة 

Calque morphologique :

  anglais sky-skraper n. qui   donne français gratte-ciel

Last modified: Tuesday, 3 March 2020, 2:47 PM