2. Histoire du mot « littérature »
Le sens du mot « littérature » a connu de nombreux changement au fil du temps, selon le domaine et l’époque où il est utilisé. Il est passé d’une définition restreinte strictement liée à l’acte d’écriture avec plusieurs conditions, à une notion universelle et générique.
Il serait utile donc, de s’intéresser à l’évolution du concept de littérature depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.
Le mot « littérature » provient du mot latin « littératura » dérivé de « littera » (lettres).
Le dictionnaire Gaffiot, a tracé une évolution du sens du mot latin : avec Cicéron (Ier siècle Av. J-C), il désigne « un ensemble de lettres constituant le fait d’écrire » ou « un ensemble de lettres constituées en alphabet » pour Tacite. Le sens s’élargit ensuite avec Quintilieu et Sénèque (Ier siècle Ap.J-C), pour toucher celui de « grammaire, philologie, c’est –à – dire, l’étude technique et érudite des textes écrits », pour aboutir avec Tertullien (début du IIIème Siècle), au sens de « savoir, érudition dans le domaine des textes écrits ».
Dans la langue française, le mot « littérature » fut attesté pour la première fois en 1121en restant fidèle au premier sens latin « chose écrite », et ne retrouve les autres sens développés par les penseurs suscités que tardivement vers la fin du XVe siècle, celui de : « érudition, savoir acquis par les livres », une acception générale qu’il va garder jusqu'au XVIIe siècle, où le mot s'appliquera de plus en plus à un savoir restreint, celui des « belles-lettres » liées au beau langage, notamment sous le règne de Louis XIV qui favorise la vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées.
Au XVIIIe siècle. le mot « littérature » est strictement lié aux « belles-lettres », c'est-à-
dire « d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque
formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies »;
ainsi Voltaire estime que : « La littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ».
Le mot évolue davantage à partir de deuxième moitié XVIIIe siècle, vers un sens plus large celui de « la création langagière écrite » basée sur la subjectivité et libérée de critères esthétiques contraignants.
Au début du XIXe siècle le mot « littérature » acquiert son sens moderne qui devient le sens commun et s'applique à « des textes auxquels on accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter ».
Au milieu du XIXe siècle le grammairien Bernard Jullien distingue entre « littérature » et « grammaire », deux concepts intimement liés depuis l’antiquité.
Il estime que la littérature va au-delà de la grammaire, dans la mesure où elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres. Tandis que la grammaire se limite à la description de la langue, et devient alors un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation des aspects formels.
Finalement, au XXe siècle, le champ de la « littérature » s'élargit à toutes les productions écrites, en prenant en considération le contenu et la forme.