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    Qu’est ce qu’une syllabe ?

                La syllabe est une composante importante de la phonologie. Son étude consiste à déterminer comment les sons sont prononcés en groupe divisible  à l’intérieur d’un mot. Dans toutes les langues, les segments phonétiques, voyelles  et consonnes, se regroupent et s’organisent en syllabes.

                 Elle est la structure fondamentale qui est la base de tout regroupement de phonèmes  dans la chaine parlée. Cette structure se fonde sur le contraste de phonèmes appelés traditionnellement voyelles et consonnes. « Il est arrivé avec Marie ». Cet exemple comporte 9 syllabes: [i/le/ta/Ri/ve/a/vɛk/Ma/Ri].

                Toute syllabe française contient comme élément central une voyelle, qui constitue le « pic » de sonorité (l’élément le plus audible), et forme le noyau syllabique. Celui-ci peut être éventuellement accompagné d'autres éléments, situés soit avant le noyau (l'attaque), soit à sa suite (la coda, littéralement, la queue de la syllabe) ; ainsi, le mot [bRɔs] (brosse) est analysé comme une syllabe composée du noyau [ɔ], de l’attaque [bR] et de la coda [s] :

                                                                    Syllabe

                                                                /           |         \

                                                       Attaque Noyau Coda

                                                             |             |            |

                                                            CC          V          C

                                                          [bR           ɔ            s]

-          L’attaque : Est la première partie  de la syllabe. Elle est composée d’une ou plusieurs consonnes.

-          Le noyau : Est la partie centrale et essentielle de la syllabe. Elle est composée d’une seule voyelle.

-          La coda : Est la partie finale de la syllabe, elle est composée d’une ou plusieurs consonnes. Donc la syllabe est vocalique en français. C’est-à-dire, qu’elle ne prend d’existence  que par une voyelle.

    La conception de la syllabe

   En français, la syllabe est décomposable en une attaque(A) et une rime(R), cette dernière se divisent en un noyau(N) et une coda(C). Ces  derniers sont consonantiques, tandis que le noyau est vocalique. En termes plus techniques, ils peuvent dominer des arborescences branchantes selon  le modèle de Kaye et Lowenstamm (1984) :

 Voici quelques illustrations de ce modèle : maison – tableau

Cette présentation implique qu'il y a en français autant de syllabes que  de voyelles prononcées.  Rappelons que les semi-voyelles ne forment jamais le noyau syllabique : soit elles appartiennent à l'attaque, comme [j] dans [jø] (yeux) ou [ɥ] dans [tRɥit] (truite) ; soit elles appartiennent à la coda, comme [j] dans [ᴐRɛj] (oreille). Dans ces trois exemples, les noyaux syllabiques sont respectivement les voyelles[ø], [i] et [ɛ].

                Comme les semi-voyelles, les consonnes appartiennent nécessairement soit à l'attaque, soit à la coda de la syllabe : le français tend à segmenter les suites CVCVCV en syllabes à attaque consonantique (CV) plutôt qu’en syllabes à coda (VC). En revanche, quand un groupe de consonne est placé en toute fin ou en tout début d’unité (début ou fin de phrase, mot isolé) il est intégré à la même syllabe quelques  soient les sons qui le compose.

                La possibilité d'avoir des consonnes en attaque et en coda varie grandement selon les systèmes linguistiques : de manière assez universelle, les langues privilégient les syllabes avec attaque mais sans coda, de type Consonne + Voyelle (en abrégé CV). C’est d’ailleurs le type syllabique le mieux attesté en français.

    Syllabe ouverte/Syllabe fermée.

                Il ne suffit pas d’identifier le nombre de syllabes, mais il faut également être capable de reconnaitre la composition de chaque syllabe, afin de distinguer les syllabes dites ouvertes (c’est-à-dire dépourvues de coda et qui se terminent par une voyelle prononcée) des syllabes dites fermées qui se terminent par une consonne prononcée.

      Distribution des structures syllabiques  respectivement ouvertes et fermées.

 A titre d'exemple, segmentons la séquence suivante en syllabes : «  Marie va arriver ce soir vers minuit ». Elle comporte 11 syllabes, dont 9 sont ouvertes et 2 sont fermées (soir et vers) :

[ma - Ri – va – a – Ri – ve – sə – swaR – vɛR – mi – nɥi] .La prédominance des syllabes ouvertes est un fait très général en français. Elles avoisinent 80%.

                Il est à noter que la coupe syllabique (frontière entre deux syllabes) ne coïncide pas toujours avec la limite entre deux mots : « Il est arrivé rapidement »Elle est segmentée en 8 syllabes dont 2 (ici notées en gras) regroupent la fin d'un mot et le début du mot suivant :

[i / lԑ / ta / Ri / ve / Ra / pid / mɑ̃]

    Syllabes et segmentation :

                Le découpage syllabique (la segmentation en syllabes) s’établie à l’intérieur des éléments ou des groupes de mots. Il obéit à un certain nombre de règles s’appliquant soit aux mots isolés soit aux mots entre eux dans la chaine parlée, et dans ce dernier cas, interviennent les phénomènes de la liaison et de l’enchainement.

1ère règle :

• Une consonne entre deux voyelles. Elle forme une syllabe avec la voyelle qui la suit ( même cas pour la semi consonne/voyelle). Exemple : maison [mԑ/zɔ̃]     abord  [a/bᴐR]   d’accord [da/kᴐR]  - sac à main [sa/ka/mԑ]    
• Une consonne double ne compte que pour une seule : illisible [i/li/sibl] – syllabe [si/lab]     

2ème règle :

• Deux consonnes entre deux voyelles. La 1ère consonne forme une syllabe avec la voyelle qui la précède, la seconde avec la voyelle qui la suit. Exemple : formalité [for/ma/li/te]    - sac vide [sak/vid]  -   marquer [maR/ke]      
• Mais si la 2ème consonne est un l  ou  R  ou une semi-consonne/voyelle, le groupe ainsi ne se scinde pas et forme une syllabe avec la voyelle qui suit. Exemple : apprentissage [a/pR ɑ̃ /ti/sa  ] -  tableau [ta/blo] – trois pièces  [tRwa/pjԑs]

3ème règle :

• Trois consonnes entre deux voyelles. Les deux premières  consonnes forment une syllabe avec la voyelle qui les précède. Et  la troisième consonne forme une syllabe avec celle qui la suit. Exemple : arctique [aRk/tik]      
• Mais si la troisième consonne est un  l  ou R , la 1ère consonne forme la syllabe avec la voyelle qui la précède. Et les deux d’autres forment la syllabe avec la voyelle qui les suit. Exemple :   

               Syllabe prononcée [si/lab/pRᴐ/nɔ̃/se] -  la troisième fois

4ème  règle :  Quatre consonnes entre deux voyelles. Les deux premières forment la syllabe avec la voyelle qui les précède. ET les deux dernières forment une syllabe avec la voyelle qui les suit.

              Extra [ԑks/tra]    -      perle blanche [pԑRl/bl  ɑ̃ʃ  ]