Cours N°3 : Les genres littéraires
Site: | Plateforme pédagogique de l'Université Sétif2 |
Cours: | Initiation aux textes littéraires |
Livre: | Cours N°3 : Les genres littéraires |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | Wednesday 22 January 2025, 13:58 |
1. Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?
Les genres littéraires sont des catégories de la littérature déterminées en fonction de la forme d’expression choisie (roman, pièce de théâtre, poème etc.), mais également du registre, du sujet, de l’atmosphère générale de l’œuvre (une pièce de théâtre peut-être
une comédie ou une tragédie)
2. Les genres narratifs
La chanson de geste : long poème épique du Moyen Age.
Le fabliau : Récit populaire du Moyen Age, amusant et satirique.
L’épopée : Récit, embelli par la légende, des exploits de personnages historiques luttant souvent pour un idéal, autour d’un chef, et sous l’œil de Dieu ; l’épopée, générale ment violente, recherche les effets grandioses et utilise l’antithèse, l’hyperbole, l’allégorie, le merveilleux.
Le conte : Court récit en prose relatant une suite d’aventures imaginaires. Les personnages, schématisés et/ou stéréotypés, et le déroulement de l’action ont une valeur symbolique qui donne au conte une portée philosophique ou morale.
La nouvelle : Court récit en prose organisé autour d’une seule action et comportant un petit nombre de personnages. La nouvelle cherche souvent à saisir un aspect particulier de la vie réelle et s’attache à analyser les réactions des personnages dans cette situation donnée. La chute de la nouvelle surprend le lecteur.
Le roman : long récit en prose (ou au Moyen Age en vers), qui peut revêtir de multiples formes (roman d’aventures ou d’analyse, roman épistolaire, etc.). Son organisation traditionnelle autour d’une intrigue et de personnages a été remise en cause au XXe siècle par les partisans du Nouveau Roman.
Le roman courtois : Récit de chevalerie se déroulant à la cour d’un seigneur et où l’amour d’un héros pour sa dame est essentiel.
3. Les genres argumentatifs :
Ils se divisent en
3.1. Argumentation directe :
L’essai : Œuvre argumentative en prose, n’obéissant à aucune règle
contraignante ; il prend donc des formes variées. L’auteur peut s’y exprimer à la première personne du singulier ou du pluriel, ou de manière plus
impersonnelle ; il adopte dans son propos une progression libre, il peut mêler raisonnement général et récit d’expérience personnelle, art de convaincre et art de persuader. L’essai correspond souvent à une démarche de recherche intellectuelle : l’auteur tente, par l’écriture, de mettre ses pensées à l’épreuve.
Essai vient du latin exagium signifiant pesée, examen.
Le traité : Il s’agit d’un travail de démonstration plus contraignant que l’essai, privilégiant rigueur et logique ; les marques de la présence du locuteur y sont généralement plus discrètes que dans un essai.
L’article de presse : Il a une visée argumentative quand son auteur y exprime ses convictions. Il s’inscrit généralement dans un débat politique, culturel, philosophique, lié à l’actualité.
La lettre : Elle se prête au débat puisqu’elle suppose un échange de l’épistolier avec un destinataire. La lettre ouverte s’adresse à un groupe ou à tout lecteur potentiel, comme celui d’un journal.
La préface : Placée en tête d’un ouvrage, elle permet à son auteur de justifier son œuvre, d’exposer ses choix esthétiques ou politiques.
Le manifeste : Il constitue une déclaration dans laquelle une personne ou un groupe présente ses conceptions, ses objectifs.
La maxime : La maxime est un texte bref, une pensée qui énonce une vérité qui se veut universelle. Elle se termine généralement sur une saillie spirituelle de l’auteur.
Le pamphlet : Discours souvent bref, il s’en prend avec violence à un système, des institutions ou des personnes. Le pamphlétaire dénonce une situation qui le révolte. Il privilégie souvent la violence verbale, la satire, la caricature.
Le sermon : Discours religieux, il incite l’auditoire au respect de la parole divine et de morale religieuse
Le discours oral : Harangue politique, discours officiel lors d’une cérémonie, entretien d’une personnalité avec un journaliste, qu’ils soient ou non publiés ensuite, relèvent de l’argumentation directe.
Le dialogue philosophique : L’auteur y présente un face-à-face entre plusieurs interlocuteurs discutant sur un même sujet et exposant, sur le mode de la conversation, des arguments opposés ou divergents.
3.2. Argumentation indirecte
- Le théâtre : Il permet confrontation des points de vue par le moyen du dialogue, il place le spectateur en position de juge ou d’arbitre, même si l’auteur oriente son jugement. Il permet également d’exposer des conflits intérieurs par l’usage du monologue : un personnage, dans une situation difficile, peut être conduit à exposer les arguments contradictoires entre lesquels il se trouve partagé. On parle alors de délibération.
- Le roman : Un roman est parfois voué tout entier à défendre une idée, une conception du monde ou de la société, ou à se livrer à un travail de dénonciation. On parle alors de roman à thèse. Mais l’argumentation peut être présente ponctuellement par exemple dans un dialogue ou dans une description permettant de percevoir un jugement de la part du narrateur.
- La fable : Court récit en prose ou en vers, le plus souvent accompagné d’une moralité énonçant la leçon qu’il convient de tirer du récit à Apologue.
- Le conte philosophique : Il prend la forme d’un récit de fiction en prose, généralement
plus court qu’un roman. Il vise à susciter la réflexion sur les thèmes les plus divers (politique, religion, science, morale etc.) au travers des aventures souvent peu vraisemblables des personnages. Ces derniers sont souvent déterminés par un nombre de traits limités. Le conte philosophique privilégie l’usage du comique, par exemple en soulignant le ridicule d’un comportement ou d’une institution. Il a fréquemment une portée satirique.
- L’utopie : Le mot utopie, inventé par Thomas More en 1515, signifie en grec à la fois
« lieu de nulle part » et « lieu du bien ». Dans une utopie, l’auteur présente un pays imaginaire dans lequel les hommes sont parvenus à créer un système politique et social proche de l’idéal, ou parvenant à supprimer les injustices et défauts majeurs du monde réel dans lequel vit le lecteur
- Le voyage imaginaire : Ce type de récit raconte les aventures de héros découvrant des pays aux caractéristiques étranges ou merveilleuses. Le lecteur est amené à percevoir les analogies et les oppositions entre ces mondes et celui dans lequel il vit.
- La satire : La satire est une forme d’origine latine (satura : mélange) qui mêle dialogue, apologue, caricature, anecdote ou discussion : elle traite de sujets variés et son auteur tourne en dérision les vices et les ridicules des hommes de son temps.
4. Les genres / formes poétiques
Au XVIIe siècle, les usages de la poésie sont fixés par des lois rigoureuses, codifiées parFrançois de Malherbe et Nicolas Boileau. Ils imposent les règles suivantes :
-L’alternance des rimes féminines et masculines.
-Le rejet et l’enjambement sont condamnés.
-Une césure forte est de rigueur, marquées si possible par un élément de ponctuation.
4.1. Les formes fixes
- Le rondeau date du Moyen Age. Il est mis en musique pour danser une ronde,
c’est une forme brève sur trois strophes, généralement écrites en octosyllabes, les strophes 2 et 3 reprennent en refrain le début du premier vers.
- La ballade est une chanson à refrain de thème lyrique. Construite sur trois rimes, elle est composée de trois huitains en octosyllabes et d’un envoi, demi-strophe finale.
- Le sonnet, importé d’Italie est la forme propre à la pléiade. Il est constitué de quatre strophes : deux quatrains de rimes embrassées (ABBA) et deux tercets sur trois autres rimes (CDE).
-Le sonnet italien est construit sur le schéma suivant : ABBA ABBA CCD EED
-Le sonnet français est construit sur le schéma : ABBA ABBA CCD EDE
Le dernier vers du sonnet est souvent en pointe (effet de surprise à la fin du texte).
- Le pantoum : Genre d’origine malaise écrit en quatrains ; le deuxième et quatrièmevers de chaque strophe se répètent au premier et au troisième vers de la strophe suivante.
4.2. Les formes régulières
Les poèmes de forme régulière se définissent par leur thème.
- La fable, poème didactique ou satirique utilise l’hétérométrie (différents mètres).
- L’ode est un poème lyrique composé de strophes longues aux rimes identiques.
- L’idylle et l’églogue forment de petits poèmes amoureux dans un cadre pastoral.
- L’élégie est un poème lyrique qui exprime une plainte ou une méditation. Genre inventé dans l’Antiquité, composé de couplets de deux vers d’inégales longueurs (distique élégiaque).
- Le blason, poème en vogue au XVIe siècle, décrit tout ou partie du corps féminin.
- L’épigramme : poème bref terminé par un trait mordant : la pointe.
- Le lai : le lai narratif se présente comme un conte merveilleux en vers suivis, destiné à être chanté. Le lai lyrique chante souvent l’amour sous la forme d’une suite de couplets qui n’ont pas la même largeur et qui reposent sur l’alternance de deux rimes.
- L’hymne : Poème chanté qui, dans l’Antiquité, célébrait un dieu. Dans la poésie française, souvent écrit en alexandrins, il se prête au traitement de sujets religie ux, historiques et philosophiques.
- La stance : Strophe lyrique qui de prête à l’élégie ou à la méditation. Parfois synonyme de strophe.
4.3. Les formes libres
- Le poème en prose : Genre né de la rencontre entre la prose rythmée et harmonie usedes genres oratoires antiques et les images évocatrices que permet la poésie. La cohésion de cette forme, souvent brève, est notamment assurée par les sonorités. Affranchi des contraintes formelles, le poème en prose se présente sous la forme de paragraphes, ou strophes, composés de versets et d’adapte librement au sujet qu’il traite.
- Le poème en vers libres : Le vers libre n’obéit pas à une structure régulière : ni mètre, ni rime, ni strophe. Le vers libre se caractérise par la recherche du rythme le plus adaptéà la création du poète. Surtout employé depuis la fin du XIXe siècle (symbolisme), ce vers est caractéristique de la poésie moderne. La ponctuation est souvent absente, ce qui permet toutes les modulations du rythme et multiplie les interprétations.
5. Les genres théâtraux
Ils sont :
5.1. La comédie
La comédie remplit une fonction de critique sociale tout en visant à divertir son lecteur /
spectateur. Il s’agit pour l’auteur de tourner en dérision les vices et défauts des hommes.
- La farce : La farce est apparue dès l’Antiquité et a perduré jusqu’au XVIIe siècle. Elle se distingue par ses thèmes grossiers et ses schémas d’intrigues simplistes (sexualité, corps, histoires de tromperie, etc.)
- La commedia dell’arte : Cette sous-catégorie de comédie est apparue au XVIe siècle
en Italie et met en scène des personnages types tels qu’Arlequin, Colombine ou Pierrot par exemple. Les comédiens improvisent autour d’une trame déterminée en amont.
- La comédie-ballet : La comédie-ballet est apparue et s’est essoufflée au cours du XVIIe siècle. Dans ce type de comédie l’action des personnages est mêlée de musique et de danse. L’opéra lui a ensuite succédé en tant que genre propre.
- La comédie classique : Bien qu’étant calquée en partie sur les règles de composition de la tragédie classique, la comédie classique présente les caractéristiques suivantes : elle est le plus souvent rédigée en prose, met en scène des personnages de classe sociale moyenne voire basse (bourgeois, servantes, valets etc.) et correspondant à des « types » critiquables (avarice, gourmandise, couardise, etc. ). Toutes les formes de comique peuvent y figurer (geste, paroles, situation, caractères) et son dénouement est obligatoirement heureux. Elle s’inscrit dans les registres comique et satirique.
5.2. La tragédie
- La tragédie classique : La tragédie classique trouve ses origines dans la tragédie grecque dont Aristote a défini les préceptes. Les auteurs dramatiques du XVIIe siècle s’en sont inspirés pour déterminer les règles de composition d’une tragédie en bonne et due forme, et notamment Boileau dans son Art poétique qui évoque les préceptes de :
-Bienséance
-Vraisemblance
-Unité (règles des trois unités : action, temps et lieu).
La tragédie classique est rédigée en alexandrins et comporte quatre ou cinq actes. Ses personnages sont nobles, confrontés à leur destin tragique et à des forces supérieures qui les dépassent. Ils sont inspirés de l’histoire ou de la mythologie. La tragédie peut s’inscrire dans les registres suivants : tragique, pathétique, lyrique, épique.
- La tragi-comédie : La tragi-comédie existait dans la Rome antique et Plaute en était l’un des représentants. Il s’agit d’une tragédie qui trouve une issue heureuse et dans laquelle le tragique et le comique sont mêlés. Reprise au début du XVIIe siècle, elle a très vite été évincée, laissant place à la tragédie classique, préférée des auteurs car plus conventionnelle.
5.3. Le drame
- Le drame bourgeois : Le drame bourgeois est apparu au XVIIIe siècle et met en scène des personnages banals, issus d’une classe sociale moyenne : la bourgeoisie. Il montre généralement l’intimité de la famille et se veut proche de la réalité. Sa visée principa le est de faire réfléchir le spectateur et de lui délivrer une forme de morale. Les registres comique, tragique et pathétique peuvent s’y retrouver.
- Le drame romantique : Le drame romantique est né au XIXe siècle, d’une volonté commune de se libérer des préceptes de la tragédie classique qui ne permettait pas la vraisemblance selon les dramaturges de l’époque. Genres et registres y sont mêlés, ainsi, le comique et le tragique s’y côtoient, mais aussi d’autres registres tels que l’épique par exemple. Le personnage principal est tantôt noble, tantôt modeste et est peint dans toutson individualisme.
5.4. Autres genres théâtraux modernes
- Le vaudeville : Le vaudeville est une forme de comédie légère qui met en scène des intrigues amoureuses à rebondissements multiples. C’est un genre populaire qui a pour unique but de divertir son public / lecteur.
- Le théâtre d’idées ou théâtre engagé : Ce type de théâtre a pour but de délivrer des idées philosophiques, sociales ou politiques.
- Le théâtre de l’absurde : Le théâtre de l’absurde est né après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de résignation et d’incompréhension du monde. Il se libère du découpage traditionnel en actes et mise sur les didascalies qui deviennent de plus en plus nombreuses et précises. Les individus sont montrés dans un monde qui manque de sens, le langage est insignifiant et les gestes priment. Le théâtre de l’absurde « rit jaune » et s’inscrit dans une forme de comique amer.