Les concepts clés de la didactique

1. Les concepts clés de la didactique

Nous présenterons dans ce qui suit trois des concepts principaux de la didactique.

1. La transposition didactique

Pour Jean François Halté « Maitriser la linguistique, la grammaire est une chose, être capable de les enseigner est une autre ».

On doit ce concept au sociologue Michel Verret en (1975), repris par Yves Chevalard en (1985) dans le cadre de la didactique des mathématiques.

Il s’agit de transformer (transposer, simplifier) un savoir savant à un savoir à enseigner. Donc, c’est le processus par lequel le savoir savant devient savoir à enseigner.

PS : ça ne se fait pas n’importe comment :

Mais à travers l’intervention de plusieurs facteurs :

  1. Les instructions officielles                       (l’état              la politique)
  2. Les programmes                                       (les spécialistes : les didacticiens)
  3. Les ouvrages et manuelles en classe         (le pédagogue)

 

Ainsi, l’enseignant fait aussi de la transposition didactique : transposer, transformer l’objet à enseigner (dans le cadre de la classe) en objet d’enseignement.

2. Le contrat didactique

On doit ce concept au mathématicien Rousseau dans les années 80.

C’est un contrat obligatoire et largement implicite, entre l’enseignant et les apprenants en relation avec un savoir. Il fixe les rôles, les places, les fonctions et les attentes réciproques de chacun d’eux (apprenants et enseignant).

Donc, ce contrat est incontournable pour une démarche d’enseignement apprentissage harmonieuse.

NB : Le contrat est rompu chaque fois qu’une règle n’est pas respectée (ex : un apprenant triche, un enseignant frappe un apprenant …..).

 

3. Le triangle didactique VS  Le triangle pédagogique

Ce sont deux triangles qui ont la même forme avec trois pôles (savoir, enseignant, apprenant), mais dont la fonction est différente.

3.1.  Le triangle didactique de Yves Chevalard (1985)

  1. C’est un triangle, qui s’inscrit dans une structure, systémique (système trinaire, ou ternaire)

Il est constitué de trois pôles (enseignant, savoir apprenant) indissociables car l’existence de chacun dépend de l’existence des deux autres.

  1. La didactique s’intéresse aux interactions qui se manifestent en situation d’enseignement entre ces trois pôles : 

La nature spécifique des savoirs en jeu / les relations entretenues avec eux par l’enseignant et l’apprenant / l’évolution des ces rapports au cour de l’enseignement.

  1. Il concerne la recherche en didactique

Il se compose de trois axes de recherche, qui sont à la fois distincts et complémentaires. (Toutes les recherches en didactique se font selon ces trois axes). Et ceci toujours à partir des relations nouées entre les trois pôles) et qui sont comme suit : 

 

   Savoir

 

       Axe épistémologique (transposition didactique)                      Axe psychologique

 

                                                     Enseignant                                           Apprenant

Axe praxéologique (pédagogique) (contrat didactique)      

1. Axe épistémologique de Jean François Halté 

  • C’est le lieu privilégié de l’élaboration didactique, des savoirs et savoirs à enseigner, de la transposition didactique.
  • En effet, les didacticiens se proposent d’examiner les objets d’enseignements (savoirs) et en particulier d’y répertorier les principaux concepts de la discipline, d’étudier leur relations, structurations et hiérarchisations à l’intérieur du domaine considéré.
  • La question des références et des origines des savoirs est aussi posée.

2. Axe psychologique                                   

  • Ici, on trouve l’appropriation didactique      
  • Cet axe est alimenté par les recherches en psychologie génétique de Jean Piaget (elle cherche dans l’étude de l’enfant, la solution à des problèmes généraux comme l’intelligence, la perception, la mémoire) et du constructivisme (théorie de l’apprentissage développée par Piaget face au béhaviorisme qui limitait trop l’apprentissage à l’association de stimilus-réponse et considérait le sujet comme boîte noire. L’approche constructiviste s’intéresse à l’activité du sujet pour se construire une représentation de la réalité qui l’entoure
  • Ainsi, dans cet axe, on s’intéresse à l’apprenant, en partant de l’idée qu’il construit ses connaissances.

3.Axe praxéologique (pédagogique)

  • C’est l’axe de l’intervention didactique
  • Il applique les résultats des deux autres axes
  • Il définit les objectifs d’apprentissage, la conceptualisation des cycles et des évaluations et la mise en œuvre des stratégies d’apprentissage.

 

Les limites du triangle (on présente 3 principales critiques)

Il y a beaucoup de didacticiens qui remettent en cause l’existence même de ce triangle.

  1. Le système didactique ne doit pas être réduit à l’espace de la classe, ni au seul temps du cours. Mais, on doit élargir à toutes les situations où il y a intention d’enseigner.
  2. La notion de savoir ne peut être appréhendée de manière générique. (on doit chercher à préciser : savoir à enseigner ou savoir enseigner).
  3. La troisième critique s’interroge sur la pertinence du sommet du pole « savoir » (peut-il être considéré comme acteur au même titre que les autres ?)

3.2.   Le triangle pédagogique de Jean Houssaye (1988)

  • Ø Houssaye définit tout acte pédagogique comme l’espace entre trois sommets d’un triangle (enseignant, savoir, apprenant).
  • Ø Il est un système binaire (chaque fois, il y aura un élément qui va s’effacer au détriment des deux autres et doit accepter la place de mort ou se mettre à faire le fou).  
  • Ø Il désigne la situation de classe (comme son nom l’indique).

Savoir

 

                                La relation didactique                                        La relation d’apprentissage,

Enseigner (ment)                                              Apprendre (tissage)

                                                 Enseignant                                            Apprenant

La relation pédagogique, Former (ation)

 

  • Ces trois cotés représentent ce que Jean Houssaye appelle « un processus », soit la relation entre deux pôles.
  • Jean Houssaye détermine trois processus pédagogiques qui sont exclusifs et non complémentaires (il ne peut y avoir trois sujets, il faut un mort). 

 

  1. Enseigner : il privilégie l’axe (enseignant – savoir), lorsque par exemple l’apprenant est exclu du jeu (place de mort)
  2. Apprendre :     il privilégie l’axe (apprenant – savoir)  lorsque par exemple           l’enseignant est mis de coté. 
  3. Former :      il privilégie l’axe    (enseignant – apprenant) lorsque l’appropriation du savoir n’est pas la priorité.

 

  • Il y a 3 relations qui régissent entre ces trois actants (pôles) :
  1. La relation didactique : est le rapport qu’entretiennent « l’enseignant » et « le savoir »  et qui lui permet d’enseigner.
  2. La relation pédagogique : est le rapport qu’entretiennent « l’enseignant » et « l’apprenant » et qui lui permet de former.
  3. La relation d’apprentissage : est le rapport qu’entretiennent « l’apprenant » et « le savoir » pour apprendre.